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Mars 2022

Avec 5 cm de cumul de neige fraîche, une température moyenne sur la Corne à 8h de -6.5° et une nébulosité moyenne de 18%, mars sembla exceptionnellement beau, doux et sec. Les sensations et la mémoire se jouent de nous, j’ai vérifié les chiffres depuis depuis 2015, je sers la science et c’est ma joie. Il n’est tombé qu’un cm de neige en décembre 2016, notre mars est en deuxième position suivi de décembre 2015 avec 7 cm. Par contre, le 18% de nébulosité en font le mars le plus ensoleillé, les -6.5° mesurés le matin à la Corne 2900m sont moins d’un degré sous la moyenne

Lien vers la feuille des données du diagramme

Des chiffres mensuels rares; le côté exceptionnel vient de la nature de la nébulosité que je note chaque matin à 8h en % du ciel occupé par des nuages. C’est subjectif, on peut comparer mes évaluations à l’historique de la webcam de la Vouarda, que j’utilise mes jour d’absence. Du  11 au 20, une remontées de sables du Sahara a troublé l’atmosphère de particules très fines et persistantes. Le phénomène arrive régulièrement, on trouve souvent dans les profils un couche de sable, parfois rougeâtre, en plus ou moins fine couche d’après qu’elle soit déposée par le vent ou accompagnant un épisode neigeux. Le sable était cette fois beige-gris et extrêmement fin, dix jours durant l’air est resté laiteux. Le 18 mars, journée charnière, pleine lune, l’air semblait plus pure à la Corne et j’envoyais le drone faire un panoramique vers 11h. Comment juger ce type de nébulosité, cette « laitosité » en pourcentage du ciel occupé par des nuages?

Ce même 18 mars dans l’après-midi l’athmosphère devint étouffante, je mesurais 4.8° à 13h à la Corne de Sorebois, des cumulus se formèrent, ils libérèrent quelques flocons en fin de journée. Le manteau n’avait pas encore mouillé en profondeur en amont de Sorebois, la couche régulière de plus d’un mètre transforma complètement. Nous avions pris quelques coups pour tester les pentes à la fermeture des pistes. Au vu des résultats su l’arête du Col nous somme retourné en station faire le plein avant de miner les pentes pourries proches des pistes et des installations. Je déclenchais une spectaculaire coulée sous la ligne du télécabine avec 2.5kg, les copains obtenaient aussi de bons résultats sur le col.

Tsarmettaz et le Col après le minage du 18 à 17h.

Ce fut l’unique minage du mois, nous avons dépensé trente coups de 2,5 kg pour nous ôter tout souci jusqu’en avril. On observait tussilages et crocus sur les pentes dangereuses sous 2500m. Un refroidissement stabilisa le manteau, nous avions perdu 4° le 19 au matin déjà, et 4° de moins le 22 avec -16.2 à 8h à la Corne. La neige regelée était partout stable mais le ski hors-pistes quasi impraticable. Le 21 nous démontions le matériel sur la piste de l’Aigle, irrécupérable même avec un improbable mètre de neige. Le 29 une perturbation annoncée et précédée d’un nouvel épisode sableux et doux troubla l’air, le 30 arrivèrent les premiers nuages, je mesurai 2cm le 31 au matin, ils portèrent le cumul définitif du mois à… 5 centimètres

Encore un beau mois facile à vivre, avec assez de neige pour proposer de superbes pistes et peu de soucis d’avalanches. Selon le bulletin climatologique mars 2022 il a encore fait trop beau et trop doux sur tout le pays, c’est litanique si le mot existe. Les profils publiés le 14 du mois montrent bien l’état du manteau avant le grand redoux-dégel. Il restait 90cm à 2500m pour débuter avril, 7cm en station, un peu plus sur les plats de la Lée qui bénéficient d’un effet « lac de froid » quand l’air est très stable. Trouvez les mesures illustrées sur le graphique ci-dessous sur la feuille de calcul Mars 2022.

Profil au plat 14 du mars 2022

Avant que la chaleur ne brouille définitivement les strates, j’ai effectué un profil sur le champ de mesures à 2500m. L’analyse du manteau est faite à l’aveugle, puis comparée aux mesures de la saison. L’hiver fut si calme que l’exercice inverse eut donné un résultat similaire. J’aurais pu dessiner un profil correcte avec mes notes. Un chose surprenante, les couches se sont considérablement durcies depuis la mi-février, on s’enfonçait alors jusqu’aux genoux en marchant, puis facilement jusqu’au sol en sautillant un coup. Les cristaux de neiges anciennes se sont liés, les souliers ne s’enfoncent que d’une vingtaine de cm sur le pack. La règle indiquait 105cm, la coupe à l’extrémité SE du carré atteignait les 120 cm, une fine couche d’un cm tombée la nuit précédente, dissipation de quelques nuages, couronnait le tout de cristaux quasi intacts.   

Au contact du sol à peine gelé, 21 cm de beaux gobelets surmontés de faces planes curieusement liées entre elles, les neiges de novembre. De 47 à 53cm, une couche légère chapeautée d’une croûte probablement héritée du gros redoux du 4 décembre qui emmena des pluies à 2600m. 

De 55 à 60 cm, les dernières neiges de début décembre, puis la croûte de gel-dégel de la période ensoleillée qui précéda les perturbations de la fin du mois. On retrouve à 68-70 cm le redoux et les pluies du 29 décembre; une croûte encore solide, à la hauteur de neige mesurée alors.

Viennent ensuite les neiges de février, une croûte de gel-dégel amorcée fin février puis les quelques flocons de la nuit précédente.

Profil pente NE du 14 mars 2022

Après le profil au plat je suis monté derrière l’arête de la Corne, une zone assez pentue 30 mètres sous la piste permet des profils représentatifs des pentes N-NE. Elle ne se déclenche pas et n’est pas skiée, calée au fond par des rochers qui surplombent une petite falaise. Seul bémol au spot, les neiges produites par les canons peuvent s’y déposer par vents du sud en début de saison. Avec un patrouilleur en formation, nous avons effectué le profil complet, mesure des densités et bloc glissant compris. Nous avons également effectué un battage, mesures que mon logiciel n’intègre pas.  

On trouve à la base les plus beaux cristaux surmontés de deux couches plus dures, probablement de la neige à canons. Suivent les neiges de novembre et décembre surmontées d’une croûte née des pluies du 29 décembre qui avaient atteint 2900m. Par dessus, des grains fins et des faces planes, les neiges de février entraînées par des vents du nord-ouest roulées par les vents, en phase de métamorphose. Encore une fois et comme constaté au plat, les grains se sont passablement liés depuis la mi-février.

Au test du bloc glissant, les couches supérieures se sont effritées lors des flexions, RB3, le reste n’a pas bougé. Le pack est stable, bien plus qu’il y a un mois; passé une phase, les faces planes se réagglomèrent. J’apprends, j’apprends… 

Février 2022

Le ciel s’est dynamisé début février avec un premier apport de 24cm, cumul de trois jours bien ventilés nord-ouest. Ce même scénario s’est encore répété 4 fois dans le mois, avec quelques nuances. Des perturbations correctement annoncées par MétéoSuisse,  avec des quantités prévues bien exagérées chez nous. Le graphique des vents sur la station de la Corne illustre ces micro-tempêtes successives, qui menèrent doucement la couche vers le mètre indispensable pour profiter pleinement de Sorebois.

Cinq jours après la première perturbation, appelons-là 106, vitesse maximale de ses vents, un système plus dynamique et rapide apporta 20cm toujours bien ventilés, nous le nommerons 112. Accalmie puis rebelote le 11 avec 11cm, elle sera 48. La suivant s’accompagna d’une hausse terrible des températures, la pluie monta à 2300 le 17, les 13 cm sur la planchette étaient bien tassés, la couche a perdu 5 cm et s’est gorgée d’eau en station. Les vents ont plafonné à 83 km/h mais se sont montrés constants pendant deux jours. Dernière et plus mignonne perturbation de février, 114 détient le record provisoire de la saison niveau vent, et les 18cm mesurés ne font pas honneur aux bienfaits de cette neige pour le domaine au début des vacances de carnaval. Nous avons dépassé le mètre le 7, les apports successifs ont compensé le tassement pour terminer avec une couche à 110cm bien stable.

Zinal et Sorebois le 28 février vers midi, cliquez pour agrandir l’image

Les virages de Singlinaz ont souffert du redoux, la piste rouge est restée fermée du 18 au 22, quand la dernière neige bien utilisée lui offrit un sursis favorisé par du froid. Ce même apport permit d’ouvrir la piste du Chamois le 24 après beaucoup de travail, à temps pour les plus hautes fréquentation de la saison. Deux minages hélico, un partiel le 3 et un complet le 22, ont complété les 5 minages traditionnels nécessaires pour sécuriser le domaine. Les résultats sont restés modestes, il y avait chaque fois du vent mais une vingtaine de cm bien mesurés pour chaque sortie. Les pentes près de Sorebois ont, une fois ou l’autre, quasi toutes été brassées. Le danger 4 du 7 était surestimé, mieux vaut prévenir dans le doute. Nous avons ri le 15 quand Davos descendit d’un degré pour le plaisir de le remonter le lendemain, j’ai aussi noté un danger 4 du bulletin de 17h le 21 à celui de 8h le 22. La nuit porte conseille.

Je retiens la première bombe du matin du 22, qui déclencha toute la plaque en amont du croisement Chiesso-Zinal. Les quantités étaient petites et la cassure d’une trentaine de cm, mais dans la même configuration avec plus de neige, c’eut été chaud pour le balisage en aval. Il nous arrive de nombreuses aventures avec une petite plaque en amont de la route de Tsirouc. La zone de déclenchement est petite mais, tôt ou tard, le morceau part. Dangereuse à atteindre car dans la pente, nous attendons l’ouverture de la route pour tenter la purge. J’y suis passé le 7, mon coup un peu haut n’a rien donné. C’est finalement des freeriders qui ont déclenché la plaque le 22 à 14h. L’affaire se répète, la pente est faible, la neige transforme et se tend lentement. Et un jour une pichenette déclenche le morceau. Un cas d’étude.

Depuis le sommet des Gardes à ordon le 28 février

La saison est décidément bien calme, mais l’enneigement suffisant pour apprécier le ski en-et-hors-pistes, la montagne reste belle et agréable. Les stations ont cartonné à carnaval, de quoi relancer l’économie locale si Poutine veut bien se calmer. Nous avons fait du beau tourisme et de bons sauvetages, j’ai aussi passé du temps à réaliser le film de prévention présenté dans l’article précédent. Le cumul n’atteint pas les 350cm, la couche est modeste en montagne, le Cervin et la Dent Blanche sont noirs. Pour la nature et l’approvisionnement en eau du continent, c’est mieux quand il neige bien sur les Alpes. La feuille de calcul février 2022 est en ligne, l’album public Hiver 2022 à jour. Le résumé de février sur le blog de MétéoSuisse parle de chaleur excessive et de sécheresse, comme souvent.

Prévention 1

Les chefs des camps de ski demandaient des séances de prévention au service de sécurité. Comme nous devions répondre aux alarmes, ces rencontres sur les pistes étaient régulièrement interrompues. Je proposais depuis une dizaine d’années de me rendre le premier soir des camps dans les auberges; ces conférences illustrées sur grand écran permettaient une bonne prise de conscience des réalités de la sécurité sur les pistes, autant pour les élèves que pour leurs accompagnants. 

J’appréciais ces rencontres, un film ne remplacera pas le dialogue et les échanges qui suivaient la conférence. Mais il sera ainsi possible de diffuser plus largement l’information, gratuitement. J’encourage les responsables à passer cette vidéo en début de camp, en gardant le doigt sur le bouton pause pour commenter ou apporter des suppléments. Je rencontre toujours des problèmes à maîtriser le son de mes vidéos et m’en excuse. Je suis néanmoins fier de présenter ma petite conférence résumée dans un film de 30 minutes. Les chefs de camps peuvent emprunter une clé USB aux caisses des remontées mécaniques, ou me demander directement le lien vers le fichier dans sa meilleur qualité.

La partie deux sera destinée aux accompagnants et moniteurs, elle donnera quelques clés pour faciliter la gestion des groupes et améliorer la coopération avec les stations. Bien plus courte, j’espère pouvoir la diffuser en début d’hiver prochain.

Janvier 2022

Ce blog est dédié à la neige, j’y recense aussi les records de froid et les plus belles rafales de vent. Il eut été plus intéressant en cette époque étrange de noter les records de chaleur et les aberrations climatiques. Le mercure nous gratifia d’un +6° à la Corne de Sorebois 2900m le premier jour de 2022 à 15h30, en station je mesurais +9.6° à 14h. Agréable à vivre mais inquiétant. Du 4 au 10, deux petites perturbations ramenèrent un semblant d’hiver, un pic de fraîcheur avec -19.1° le 5 à 22h30, saisissant contraste, et les seuls 48cm de neige fraîche à noter pour le mois. Côté vent, une pointe à 103 km/h WNW égaya ce janvier bien terne du point de vue du Bonhomme Hiver. 


Fond de vallée le 15 janvier à 16h, juste la neige qu’il faut pour être heureux!

L’apport suffit à ouvrir la piste de l’Aigle, en grosse partie enneigée artificiellement, le samedi 15; on mesurait alors 80cm à Sorebois et 40cm à Zinal. Suivirent une dizaine de jours de grand beau temps qui achevèrent de transformer la neige sur toute son épaisseur. On trouvait d’énormes cristaux, les plus beaux près des cours d’eau en vallée, où un grosse couche de givre de surface surplombait du pur gros sel. Les anciens appelaient « pierre morte » les blocs de micaschistes qui s’érodent facilement en gravier, on en trouve dans les zones morainiques de la vallée. Nous avons pour la première fois parlé de « neige morte » en décrivant ce gros sel que même le tassement et le travail des machines n’arrive plus à agglomérer. Nous craignions un gros apport sur ce mauvais substrat, mais il n’arriva pas.

Côte de Singlinaz le 21 janvier au matin. C’est ma main, pas celle d’un gosse.

Ce mois nivologiquement plat laisse de la place à d’autres réflexions, la folie coronavirus s’estompe doucement, nous laisserons l’histoire juger la période. La problématique du loup agite les cantons campagnards, cohabiter avec des prédateurs de cette taille ne va pas sans frottements. Ce que les citadins ne visualisent pas, c’est que même les cantons alpins sont surpeuplés. L’homme maîtrise d’une façon ou d’une autre la quasi totalité du territoire. On bombarde même les hautes Alpes pour garantir la sécurité de la populaire et lucrative Patrouille des Glaciers. Sacrilège sans égal. Par l’exploitation agricole, principalement l’élevage, et le tourisme qui emmène des hordes citadines quasi partout, nous occupons l’espace n’en déplaise aux rêveurs. Le Valais est certes moins densément peuplé que Genève, il compte néanmoins 346’000 habitants, contre 115’000 en 1900. Le remplacement d’une partie de l’agriculture par le tourisme n’a pas soudainement agrandi le gâteau que se partagent les super-prédateurs. Les deux camps du débat m’hallucinent, mais les fantasmeurs des villes qui imposent leurs visions de bisounours sous-estiment gravement ces fauves. Et tous ces moyens, ces fonctionnaires, ce fric pour des chiens sauvages, alors que des compatriotes luttent pour vivre, c’est indécent. Ecolégoïstes des terres vendues, vous ne devriez pas nous imposer vos lois. Ce n’est même pas de la démocratie, le Valais a voté.  

Pour revenir à notre neige, la fin du mois nous laissa entrevoir un changement de temps et l’espoir d’un rafraîchissement du manteau. Quelques nuages annoncèrent le changement, mais il fallut attendre les premiers jours de février pour ajouter enfin quelques cm au cumul saisonnier. Avec une moyenne de -6.1° à 8h à la Corne de Sorebois, nous avons vécu un janvier chaud et sec, ce que confirme  le bulletin climatologique janvier 2022 de MétéoSuisse.  La feuille de calcul Janvier 2022 résumées dans le graphique ci-dessous sera classée parmi les plus tristes millésimes. Uniquement d’un point de vue météo, le ski était agréable, les pistes en bon état et les coeurs se réjouissaient du déclin de la pandémie qui nous préoccupe depuis deux ans. Notons encore l’éruption géante aux îles Tonga survenue les 14 et 15 janvier, nous observerons sûrement des conséquences météo puis sociales ces prochaines années.

Décembre 2021

Dès le 4 décembre, un premier épisode nettement hivernal décrit dans un article précédent apporta une couche de fond bienvenue. On mesurait le 13 au matin 45cm en station et 58cm à 2500m, un bon début qui nous permit d’ouvrir les premières pistes en neige naturelle. Suivirent dix jours de beau temps et de douceur exceptionnelle qui découvrirent les pentes exposées jusqu’à 2600m. Ces redoux sont agréables à vivre pour les travailleurs de la montagne, mais étonnent voire interrogent l’observateur. A l’ouverture du domaine pour la saison le 18, on skiait très prudemment hors des pistes ouvertes.

Le 19 décembre à midi, un beau visuel mais un enneigement limite.

Un changement de temps annoncé bien à l’avance s’amorça par le spectaculaire coucher du soleil du 23, je partage ci-dessous une image prise par drone en 20 mégapixels. Suivirent trois jours de latence avant l’arrivée d’un front qui allait mettre en ébullition les fonctionnaires de la sécurité publique pour, au final, peu de problèmes. Certes un scénario à faire peur, jusqu’à 15mm d’eau pour le 27 et 60mm pour le 28, avec de la pluie jusqu’à 2600m. Avalanches lourdes jusqu’en vallées, inondation dans la plaine du Rhône, le tout pendant les fêtes dans des stations pleines à faire s’enfoncer les Alpes. J’ai cru bon de publier un article de prévention, alors que ce blog sert surtout à archiver les évènements. 

Le coucher du soleil du 23.12 en haute définition, cliquez pour agrandir.

Il est tombé au final 28mm d’eau pendant l’épisode de 4 jours à la station MétéoSuisse de Mottec, j’ai mesuré 39cm de cumul de neige à 2500m. Les vents soutenus du nord-ouest n’ont pas dépassé le 100km/h, la pluie a détrempé le manteau jusqu’à 2000m, la neige était humide sur toute son épaisseur jusqu’à 2500m. Il a plu en fin d’épisode jusqu’à 2900m, croûtant le manteau pour rendre le hors-piste inskiable. Radar le 29.12.2021 à 11h

. Les pentes se sont déclenchées spontanément dès les premières accumulations, un fois la mauvaise couche de fond brassée, la neige s’est collée à la montagne. Le grand minage du 30 confirma l’impression de plaquage du manteau, seules les grandes pentes sous les vents d’ouest ont offert de beaux résultats. Nous disposions pour terminer 2021 de 80cm bien tassés à 2500m, on ne trouvait plus que 30cm détrempés en station, mais le paysage d’hiver comme les pistes de luge et de ski de fond se maintinrent. Les 29 et 30 furent placés en degré 4 fort, pour au final beaucoup d’émotions et un gain d’une trentaine de cm bienvenus sur le domaine skiable. La neige croûtée ne laissant aucun plaisir aux skieurs, ils sont restés sagement sur les pistes.

La station du télécabine à Zinal le jour de l’Immaculée Conception.

Zinal s’est métamorphosée, les travaux de réfection de la rue principale sont terminés, les échafaudages de l’hôtel des Diablons retirés. La très sobre gare de départ du nouveau télécabine expose d’entrée le renouveau de la station, qui propose une infrastructure efficace et intégrée dans ce que nous avons de mieux à montrer, une nature grandiose. Les vacances furent un succès malgré la pandémie, avec une bonne fréquentation et peu d’accidents.

Nouvelle nomenclature dans le flux du SLF : partiellement traître…

Le début du mois et ce tableau récapitulatif permettent d’affirmer que les températures de ce millésime furent dans la norme des sept précédents. En vrai, la deuxième moitié du mois fut exceptionnellement douce en montagne comme devrait le démontrer le bulletin climatologique de MétéoSuisse. La feuille de calcul décembre 2021 résumée dans le graphique ci-dessous décrit un mois intéressant qui laisse un substrat relativement solide aux neiges à venir.

Situation particulière

27.12.2021  –  Depuis les dernières précipitations du 11 décembre, la météo est restée belle et douce en montagne. Les nuits claires gelaient la surface, le gradient élevé transforma en gros sel la neige des zones plates et ombragées, alors que les faces ensoleillées se découvrirent jusqu’à 2800m. Le 23 au soir, le soleil colorait des nuages lenticulaires formés par des vents du sud, signes d’un changement de régime.

Le Weisshorn le 23 décembre à 17h

La situation a guère évolué depuis, la nébulosité s’est faite plus insistante dans un air toujours doux, l’impression de beau temps prévalait. On nous annonce pour ces prochains jours beaucoup de précipitations et un gros redoux. Des vents d’ouest à plus de 70 km/h seront également de la partie.

Météo du lundi 27 au samedi 1er janvier.

Les vacances de fin d’années remplissent les stations, de nombreux randonneurs parcourent la montagne. On compte 31cm en station et 45cm à 2500m, ce peu de neige donne une impression trompeuse de sécurité. Dans le scénario qui se profile, entre 15 et 20cm de neige humide devraient se poser demain avant le gros des précipitations mercredi, jusqu’à 60mm selon MétéoSuisse. Il fera alors doux, la pluie est attendue jusqu’à 2200 voire 2500m. En-dessus, la neige lourde se purgera spontanément dans toutes les pentes ombragées, la montagne même aux alentours des stations sera très dangereuse jusqu’à la fin des opérations de minage. Il faudra se montrer extrêmement prudents et obéir strictement aux consignes des services de sécurité de la commune et des stations. Les températures élevées qui suivront ne simplifieront hélas pas l’équation en ces jours de haute fréquentation.

La couche de fond 2022

13 décembre 2021  –   Du 27 novembre au 10 décembre, de l’air maritime polaire (voir cet article intéressant sur Futura-sciences) nous amena de l’air assez froid pour produire de la neige artificielle et un chapelet de perturbations actives. En fin d’épisode, nous avons reçu 116 cm de neige fraîche à 2500m, la couche a atteint la valeur maximale de 68cm le 9.12 A 1700m en station, on brassait 50 cm avant que le tassement baisse ses chiffres à 62 et 40 cm ce lundi 13 au matin. Les vents sont restés relativement discrets toute la période, permettant une répartition régulière du manteau, établissant toutefois le record saisonnier provisoire à 73.8 km/h plein ouest samedi 4 au matin. La tendance est restée ouest, nord-ouest pendant les principaux épisodes neigeux.

Les vents à la Corne de Sorebois du 27.11 au 10.12.2021

Les pentes sud étaient libres de neige, les nord recouvertes d’une vingtaine de cm de gros sel, des flocons de début novembre fortement transformés. Nous avons reçu 41cm les 4 et 5, la neige posée sur le mauvais substrat des pentes ombragées s’est spontanément purgée, les avalanches provoquées autour du domaine skiable étaient petites et localisées aux couloirs minés. 47cm supplémentaires ont nécessité une minage par hélicoptère le 9, avec des résultats mitigés malgré les fortes charges. Le SLF a émis un premier bulletin régional le 27.11, le danger est passé à 3 marqué le 4 décembre, danger maintenu avec un pic un peu surévalué pour notre région à 4 fort le 9.

Minage par hélico de la bosse de Barthélémy le 9 à 15h.

Pourquoi si peu de résultats? Après la première purge spontanée des pentes affaiblies par la couche de fond, la nouvelle neige est arrivée par des températures de -10° à -15°, les grains très fins ne se sont pas liés, la neige n’était pas cohérente. L’onde de choc des explosifs creusait des « baignoires » sans déclencher de plaque. Le 12, les températures se sont envolées jusqu’à -3° à 2900m sous le soleil de dimanche, la neige s’est alors liée et de belles plaques se sont déclenchées, causant les premiers émois des patrouilleurs. Une corniche à rompu sous la Corne pour dévaler un couloir tracé plus tôt dans la journée, la coulée a parcouru 800 mètres. En m’approchant d’un promontoire pour contempler le phénomène, j’ai provoqué la plaque de la vidéo suivante sur une exposition similaire. La cassure est à quelques mètres de la piste.

Pour résumer la situation nous avons 40 cm en station et 60 cm à 2500m d’une neige magnifiquement poudreuse. On touche rapidement les cailloux même avec des skis larges, les bâtons touchent le fond. La purge des pentes nord a brassé le gros sel mais lissé le terrain. MétéoSuisse prévoit une période ensoleillées et très douce au plus lointain des modèles, peut-être jusqu’à Noël. Sous l’augmentation des températures, la couche supérieure du manteau se liera et des événements anodins, le passage d’un skieur, pourront déclencher des plaques qui glisseront sur la neige poudreuse en sous-couche. Malgré les faibles quantités, il ne faudra pas sous-évaluer le danger, les skieurs seront entraînés sur les cailloux. Si comme sur la vidéo ils finissent dans une digue ou un creux du terrain, ni DVA ni airbag ne les sauveront de la quantité de matière qui s’accumulera sur eux. Les personnes informées et prudentes profiteront d’une magnifique période en montagne, en particulier dans les paysages somptueux du Val d’Anniviers. Album public hiver 2022 .


Anniviers enneigé jusqu’en plaine à l’aube du 12 décembre 2021.
Webcam Zinal vieux village
Anniviers depuis Crans-Montana

Lune et soleil en direct

Le soleil en direct
Carte des stations météo du vallon de Zinal

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Manu Zufferey

Manu Zufferey

Conteur, patrouilleur, sauveteur, randonneur, blogueur, écologiste de la première heure.

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