Au-delà de ce que les administrations écrivent et les historiens compilent, les peuples autochtones se transmettent le dit, le lien immémorial entre le lieu, le vécu et les croyances. Transmis de bouches de grands-parents à oreilles de petits-enfants depuis l’arrivée des hommes, ce déroulé des évènements privilégie l’étrange, l’extraordinaire, pour attirer puis attiser l’attention. L’écrit réservé à l’élite, avant les médias qui formatent la transmission, un corpuscule d’histoires formait la tradition orale du pays. Plus qu’une suite de faits, elle annonce les dangers, les leçons du passé, et enseigne l’indispensable moralité nécessaire autant aux individus qu’aux peuplades pour s’accorder et survivre au temps.

Je dis les contes et légendes d’Anniviers, en cabanes de montagne, dans des auberges, en salle, à l’extérieur, de préférence autour d’un feu. Mes conteries durent entre une 70 et 90 minutes selon le public, je m’adapte à l’âge des auditeurs dès environ 8 ans. Je ne dis le dit que de mai à octobre.
Soirée contes et légendes 200.- Cybercontes 250.-
Renseignements sur contact@annitrek.ch
En salle, je peux m’accompagner d’un écran géant qui montre l’endroit où se déroulent les histoires, ce sont les CyberContes.

Le Nouvelliste sort de presse en 1903, un émetteur radio capable d’émettre en Suisse romande est construit en 1922. Avant, on transmettait à la criée et par affichage les nouvelles, diffusées et commentées dans les communautés puis les foyers. On interprétait, on se rangeait à un avis, à un autre, on spéculait, les beaux-parleurs imposaient leurs vues, les discrets n’en pensaient pas moins.

Pour accompagner le dit un feu crépitait, les regards perdus dans le chaos de l’élément primordial brillaient. Chacun transformait en son esprit les mots en images, en son âme le récit en aventure qu’il confrontait à son vécu. Avant de coucher les enfants, on disait les âmes en peine privées de paradis, les monstres des montagnes, l’arrivée des hommes dans la vallée, les pierres magiques, le sacrifice des vierges.
Un pays tourmenté, protégé par ses barrières naturelles, isolé des concentrations humaines, favorise la tradition orale. Anniviers est une forteresse, l’horizon s’arrête sur l’autre versant. La magnificences des hautes montages, la puissance des phénomènes naturels, la rudesse du droit d’exister, la vie communautaire et la foi on fait de la vallée un temple. Et quand tout se perdait, quelques érudits de passage ont sauvé le dit, toute une mythologie désormais écrite.


Mieux qu’une lecture sous une ampoule, essayez le conteur autour d’un feu, à la flamme d’une bougie. Pas celui qui lit comme vous pourriez le faire, celui qui dit car il sait l’histoire, sent l’ambiance, adapte son ton pour improviser au récit un autre chemin. Parmi les héritiers de ce don, quelques-uns ne sont ni politiciens, ni animateurs dans l’audiovisuel.
Le conteur tente une magie, devenir source. Par l’attention il attire l’énergie que l’auditeur capte en contemplant le chaos de la flamme. Il n’en prend que la part qui s’échappe, l’addition des âmes cumul la puissance. Comme un artiste sur la scène, un professeur en chaire ou un prêtre dans l’église, le conteur s’ouvre et les mots surgissent, il dit.
L’acte n’est pas gratuit, le savoir qu’il exprime ne lui appartient pas et ne lui coûte rien, son âme se nourrit tel le moulin tire son mouvement de l’eau qui passe. Passé l’effort initial, une fois les inerties vaincues, quand l’engrenage puiser-donner-recevoir est embrayé, l’orateur devient source d’un fleuve de joie, les esprits concentrés en sont les affluents. Au final, du plaisir tiré du chaos, l’énergie dont tout n’est que grumeaux.

Un peu de science est nécessaire, toute légende doit se reposer sur un mur de crédibilité. Elle doit s’insérer dans l’histoire enseignée, les sacrifices humains de l’ère chrétienne portent un autre nom. Pour captiver, le conte le plus alambiqué doit s’accrocher à quelques références, si l’esprit le rejette il n’atteindra pas l’âme. Au risque d’attirer les foudres de ceux qui savent pour avoir appris, j’ose m’improviser mythologue et mettre en perspective ce qu’on sait de l’histoire et de la tradition orale d’Anniviers.
Le dit est lié à la terre, aux paysages et aux lieux. On peut s’asseoir sur une pierre à cupules et ne se rendre compte de rien, alors qu’elle témoigne des plus anciennes mémoires et véhicule sur le chemin du temps des récits extraordinaires.


Je conte depuis 25 ans, fasciné par un module du cours d’accompagnateur en montagne dispensé dans mon village d’origine, St-Jean. Quelques années de théâtre dans mon enfance m’ont affranchi du trac, je prends même plaisir à m’exprimer en public quand le sujet est maîtrisé. Si j’ai depuis animé plus de deux cents soirées, c’est grâce aux encouragements de Mali, la directrice de la formation AM. Quand je tentais de lui expliquer par des mots menteurs que l’étiquette de conteur collait mal au guerrier que je pensais être à vint ans, et rétorqua qu’on ne choisit pas ses dons mais qu’il faut les utiliser.
Je suis de la génération Goldorak, si mes grands-parents n’étaient pas avares d’anecdotes ils ne contaient pas. Des anciens n’ont pas reconnu les histoires de leur enfance dans mon parler, certains m’ont traité de charlatan. Pour les laisser braire, j’ai rapidement constitué une bibliographie des ouvrages où mes histoires sont puisées. Torturer le récit est le privilège du conteur, mais pauvre enfant de la télé, c’est dans les livres qu’est tissée la trame de mon dit. Retrouvez ci-après mes références, livres d’histoire, de contes et légendes, les monographies locales, études ethnologiques et autres écrits qui encadrent mes paroles.
Les ouvrages de contes et légendes locaux
Les éditions Monographic à Sierre éditent beaucoup d’ouvrages sur la vie locale, la liste des articles épuisés s’allonge dangereusement mais on trouve une boutique en ligne.
Les Editions à la carte proposent le meilleur catalogue, “Récits, contes et légendes du Val d’Anniviers” regroupe les meilleurs passages des plus anciens livres, je le recommande. Entrez “Anniviers” sur le moteur de recherche de leur boutique en ligne, vous aurez tous les ouvrages les plus intéressants.

Les ouvrages numérisés

De 1790 à 1840, Christian Massy de Grimentz tient une chronique intitulée Le livre des annotations. Une référence historique.
En 1855, Edouard Desor publie Le val d’Anniviers dans la Revue Suisse. Le regard d’un ingénieur des mines sur la société anniviarde de l’époque.
En 1917, le lieutenant-colonel Souvairan de passage à Vissoie est invité par le curé Francey à assister aux cérémonies de la Fête-Dieu. Subjugué par la vivacité des traditions locales, il s’intéresse aux mythes, contes et légendes de la région et publie Les légendes du val d’Anniviers.