Le ciel s’est dynamisé début février avec un premier apport de 24cm, cumul de trois jours bien ventilés nord-ouest. Ce même scénario s’est encore répété 4 fois dans le mois, avec quelques nuances. Des perturbations correctement annoncées par MétéoSuisse, avec des quantités prévues bien exagérées chez nous. Le graphique des vents sur la station de la Corne illustre ces micro-tempêtes successives, qui menèrent doucement la couche vers le mètre indispensable pour profiter pleinement de Sorebois.

Cinq jours après la première perturbation, appelons-là 106, vitesse maximale de ses vents, un système plus dynamique et rapide apporta 20cm toujours bien ventilés, nous le nommerons 112. Accalmie puis rebelote le 11 avec 11cm, elle sera 48. La suivant s’accompagna d’une hausse terrible des températures, la pluie monta à 2300 le 17, les 13 cm sur la planchette étaient bien tassés, la couche a perdu 5 cm et s’est gorgée d’eau en station. Les vents ont plafonné à 83 km/h mais se sont montrés constants pendant deux jours. Dernière et plus mignonne perturbation de février, 114 détient le record provisoire de la saison niveau vent, et les 18cm mesurés ne font pas honneur aux bienfaits de cette neige pour le domaine au début des vacances de carnaval. Nous avons dépassé le mètre le 7, les apports successifs ont compensé le tassement pour terminer avec une couche à 110cm bien stable.

Les virages de Singlinaz ont souffert du redoux, la piste rouge est restée fermée du 18 au 22, quand la dernière neige bien utilisée lui offrit un sursis favorisé par du froid. Ce même apport permit d’ouvrir la piste du Chamois le 24 après beaucoup de travail, à temps pour les plus hautes fréquentation de la saison. Deux minages hélico, un partiel le 3 et un complet le 22, ont complété les 5 minages traditionnels nécessaires pour sécuriser le domaine. Les résultats sont restés modestes, il y avait chaque fois du vent mais une vingtaine de cm bien mesurés pour chaque sortie. Les pentes près de Sorebois ont, une fois ou l’autre, quasi toutes été brassées. Le danger 4 du 7 était surestimé, mieux vaut prévenir dans le doute. Nous avons ri le 15 quand Davos descendit d’un degré pour le plaisir de le remonter le lendemain, j’ai aussi noté un danger 4 du bulletin de 17h le 21 à celui de 8h le 22. La nuit porte conseille.

Je retiens la première bombe du matin du 22, qui déclencha toute la plaque en amont du croisement Chiesso-Zinal. Les quantités étaient petites et la cassure d’une trentaine de cm, mais dans la même configuration avec plus de neige, c’eut été chaud pour le balisage en aval. Il nous arrive de nombreuses aventures avec une petite plaque en amont de la route de Tsirouc. La zone de déclenchement est petite mais, tôt ou tard, le morceau part. Dangereuse à atteindre car dans la pente, nous attendons l’ouverture de la route pour tenter la purge. J’y suis passé le 7, mon coup un peu haut n’a rien donné. C’est finalement des freeriders qui ont déclenché la plaque le 22 à 14h. L’affaire se répète, la pente est faible, la neige transforme et se tend lentement. Et un jour une pichenette déclenche le morceau. Un cas d’étude.

La saison est décidément bien calme, mais l’enneigement suffisant pour apprécier le ski en-et-hors-pistes, la montagne reste belle et agréable. Les stations ont cartonné à carnaval, de quoi relancer l’économie locale si Poutine veut bien se calmer. Nous avons fait du beau tourisme et de bons sauvetages, j’ai aussi passé du temps à réaliser le film de prévention présenté dans l’article précédent. Le cumul n’atteint pas les 350cm, la couche est modeste en montagne, le Cervin et la Dent Blanche sont noirs. Pour la nature et l’approvisionnement en eau du continent, c’est mieux quand il neige bien sur les Alpes. La feuille de calcul février 2022 est en ligne, l’album public Hiver 2022 à jour. Le résumé de février sur le blog de MétéoSuisse parle de chaleur excessive et de sécheresse, comme souvent.
