Ce blog est dédié à la neige, j’y recense aussi les records de froid et les plus belles rafales de vent. Il eut été plus intéressant en cette époque étrange de noter les records de chaleur et les aberrations climatiques. Le mercure nous gratifia d’un +6° à la Corne de Sorebois 2900m le premier jour de 2022 à 15h30, en station je mesurais +9.6° à 14h. Agréable à vivre mais inquiétant. Du 4 au 10, deux petites perturbations ramenèrent un semblant d’hiver, un pic de fraîcheur avec -19.1° le 5 à 22h30, saisissant contraste, et les seuls 48cm de neige fraîche à noter pour le mois. Côté vent, une pointe à 103 km/h WNW égaya ce janvier bien terne du point de vue du Bonhomme Hiver.

Fond de vallée le 15 janvier à 16h, juste la neige qu’il faut pour être heureux!
L’apport suffit à ouvrir la piste de l’Aigle, en grosse partie enneigée artificiellement, le samedi 15; on mesurait alors 80cm à Sorebois et 40cm à Zinal. Suivirent une dizaine de jours de grand beau temps qui achevèrent de transformer la neige sur toute son épaisseur. On trouvait d’énormes cristaux, les plus beaux près des cours d’eau en vallée, où un grosse couche de givre de surface surplombait du pur gros sel. Les anciens appelaient “pierre morte” les blocs de micaschistes qui s’érodent facilement en gravier, on en trouve dans les zones morainiques de la vallée. Nous avons pour la première fois parlé de “neige morte” en décrivant ce gros sel que même le tassement et le travail des machines n’arrive plus à agglomérer. Nous craignions un gros apport sur ce mauvais substrat, mais il n’arriva pas.

Ce mois nivologiquement plat laisse de la place à d’autres réflexions, la folie coronavirus s’estompe doucement, nous laisserons l’histoire juger la période. La problématique du loup agite les cantons campagnards, cohabiter avec des prédateurs de cette taille ne va pas sans frottements. Ce que les citadins ne visualisent pas, c’est que même les cantons alpins sont surpeuplés. L’homme maîtrise d’une façon ou d’une autre la quasi totalité du territoire. On bombarde même les hautes Alpes pour garantir la sécurité de la populaire et lucrative Patrouille des Glaciers. Sacrilège sans égal. Par l’exploitation agricole, principalement l’élevage, et le tourisme qui emmène des hordes citadines quasi partout, nous occupons l’espace n’en déplaise aux rêveurs. Le Valais est certes moins densément peuplé que Genève, il compte néanmoins 346’000 habitants, contre 115’000 en 1900. Le remplacement d’une partie de l’agriculture par le tourisme n’a pas soudainement agrandi le gâteau que se partagent les super-prédateurs. Les deux camps du débat m’hallucinent, mais les fantasmeurs des villes qui imposent leurs visions de bisounours sous-estiment gravement ces fauves. Et tous ces moyens, ces fonctionnaires, ce fric pour des chiens sauvages, alors que des compatriotes luttent pour vivre, c’est indécent. Ecolégoïstes des terres vendues, vous ne devriez pas nous imposer vos lois. Ce n’est même pas de la démocratie, le Valais a voté.
Pour revenir à notre neige, la fin du mois nous laissa entrevoir un changement de temps et l’espoir d’un rafraîchissement du manteau. Quelques nuages annoncèrent le changement, mais il fallut attendre les premiers jours de février pour ajouter enfin quelques cm au cumul saisonnier. Avec une moyenne de -6.1° à 8h à la Corne de Sorebois, nous avons vécu un janvier chaud et sec, ce que confirme le bulletin climatologique janvier 2022 de MétéoSuisse. La feuille de calcul Janvier 2022 résumées dans le graphique ci-dessous sera classée parmi les plus tristes millésimes. Uniquement d’un point de vue météo, le ski était agréable, les pistes en bon état et les coeurs se réjouissaient du déclin de la pandémie qui nous préoccupe depuis deux ans. Notons encore l’éruption géante aux îles Tonga survenue les 14 et 15 janvier, nous observerons sûrement des conséquences météo puis sociales ces prochaines années.
