Après le très sec été 2022 et le triste état des forêts avant le repos hivernal, je m’inquiétais pour l’arrosage. Les arbres secs allaient-ils reprendre vie, les pâturages reverdir, les nappes se reconstituer ? Le printemps tardif a certainement sauvé nos campagnes d’une nouvelle sécheresse catastrophique; la première moitié de mai est restée maussade, neigeuse en haute montagne, il restait 80cm à Sorebois où nous avons skié jusqu’au 14. Le soleil s’est ensuite imposé doucement, nous avions encore à l’inalpe une sensation printanière avec de nombreux névés et une floraison tardive. Juillet gratifia de beaux orages, mais nous restions sous les moyennes. L’interdiction de faire du feu, désormais une tradition, est tombée le 19 juillet jusqu’au 8 août, pour être reconduite du 22 au 29 août. En comparaison avec les dix dernières années :
Avec 415mm nous sommes sous la norme 91-20 établie à 476mm pour la station de Mottec, et sous la moyenne des dix derniers étés à 433mm. Mais l’impression générale fut agréable, les arbres du vallon de Zinal n’ont pas semblé souffrir, le fond de vallée est resté verdoyant. Plus bas dans la région des Pontis et de Niouc jusqu’à Sierre, de nombreux pins meurent et sèchent, cette année encore les feuillus avaient triste aspect dès août, les chênes en particulier dont le bord des feuilles séchait, donnant un aspect automnal précoce. Dans les fonds de vallée et au-dessus de 1500m des précipitations bien réparties ont sauvé la végétation, les sources ont faibli mi-août mais sans tarir comme en 2022.


Outre quelques orages remarquables en juillet, dont le plus puissant illumina la nuit du 11 au 12, c’est un épisode remarquable fin août qui évita une sécheresse estivale tardive. Il est tombé 90mm en quatre jours, dont 36mm le 27 et 34mm le 28. Il neigea jusqu’à Zinal en fin de front, on annonçait 50cm au-dessus de 3000m. Ce front remarquable laissa un air frais qui conserva la neige en montagne, les coureurs des trails du Besso ne purent atteindre Tracuit. Corollaire, l’eau s’infiltra doucement et les sources retrouvèrent leur vigueur jusqu’en fin d’automne.



Pour résumer, sec mais pas trop. Par contre de nombreux records de température sont tombés partout en Suisse et dans le monde. Je retiens un isotherme 0° à 5289m le 21 août, le mois de septembre de plus chaud et le deuxième mois d’octobre le plus chaud. Le pape annonce que le monde s’écroule, le secrétaire général de l’ONU parle d’un effondrement climatique, Zermatt étale ses glaciers à la pelleteuse pour faire de jolies glissades. Un ami a arrêté de fumer après qu’on lui aie enlevé un poumon et la mâchoire, nous avons des réactions fortes devant l’inéluctable, souvent trop tard.
J’ai fêté mes 50 ans début septembre, je me souviens bien du glacier de Moiry dans mon enfance, un lieu privilégié pour les piques-niques familiaux. Puis j’emmenais des clients marcher sur la langue dans les années 1990, découvrir les crevasses profondes, il n’en reste aujourd’hui qu’un lac. Difficile de regarder les montagnes sans nostaltristesse. A ceux qui croient toujours qu’on peut brûler en deux siècles les forêts du carbonifère sans conséquences je dis merde, vos enfants jugeront.





La fenaison fut excellente et les vendanges d’excellente qualité, nous avons récolté le chasselas le 30 octobre sans atteindre notre quota. J’ai encore remarqué de nombreux fruits sur les pins d’arolles, écureuils et casse-noix sont à la fête. Mélèzes et épicéas étaient rouges de fleurs ce printemps, ces derniers sont impressionnants cet automne. Les branches ploient sous le poids des pives fraîches, on les croirait chargés de décorations de Noël. De nombreux arbres sèchent dans les forêts, également dans les jardins et autour des habitations. La fertilité des épicéas rassure, à moins qu’il ne s’agisse d’un chant du cygne. Les sorbiers sont vides, les oiseaux se sont acharnés sur les sureaux qui avaient pourtant bien donné.

Quelques liens utiles pour conclure un été agréable à vivre mais terrifiant. Le bulletin climatologique été 2023 de MétéoSuisse, et plus généralement la page des publications de MétéoSuisse. Notre institut météorologique national est une référence incontournable. Et mon album public été 2023 qui s’ajoute à la page dédiée du site. Pour conclure et justifier ma terreur je transmets une réflexion trouvée sur la toile, une théorie conspirationniste comme on dit de nos jours :
Nous sommes trop nombreux, épuisons l’écosystème et polluons l’atmosphère en consommant à outrance les énergies fossiles. Pour maintenir notre train de vie nous pouvons améliorer l’efficience des machines, restreindre notre consommation, ou laisser les lois du marché enlever progressivement aux indigents la possibilité de polluer. Ce qui permettra aux vrais parasites de notre planète et de nos sociétés de continuer la fête. Heureusement grâce aux réseaux, on a le droit de mâter.