Nous avons rattrapé en mars le déficit hivernal, en neige au-dessus de 2200 m comme en eau plus bas. Nous avons mesuré 179 cm de cumul à 2500 m et 117.4 mm de précipitations liquides à Mottec, plus du double de la norme. La situation initiale du mois et la première période perturbée sont décrits dans les deux articles précédents, je survolerai pour m’attarder sur la deuxième quinzaine. Exceptionnellement, je publie en première image le graphique qui résume la feuille de calcul mars 2023; la ligne bleue montre la couche à Sorebois, Les colonnes grises la nébulosité et les bleues les précipitations journalières. Mars à clairement sauvé notre fin de saison et constitué un bonne réserve d’eau en montagne pour alimenter sources et rivières ce printemps. Un soulagement au regard de la sécheresse de l’été passé.

C’est également du travail pour ceux qui transforment la montagne en parc d’attraction, patrouilleurs, machinistes et employés des remontées mécaniques, mais quel plaisir de pétrir une matière première qui commençait sérieusement à manquer. Après la première série de perturbations, la plupart des pentes autour du domaine skiable ne causaient plus de soucis, elles étaient purgées, impraticables ou stabilisées. Un réchauffement spectaculaire le 17 déstabilisa le manteau en place sous 2200m, on observait des avalanches mouillées de talus et quelques véritables coulées dans les pentes raides, les plus fracassantes au niveau bruit n’ont pas débordé des cônes au fond des couloirs des Gardes. Il restait beaucoup de pentes dangereuses en haute montagne, dès le 16 de vastes avalanches spontanées se déclenchaient, un grand coup de froid le 20 accompagné d’un apport d’une dizaine de cm stabilisa une situation tendue. Pas de victime dans la région malgré les imprudences.

Les précipitations reprirent le 24, MétéoSuisse nous promettait une fin de mois agités. Nous craignions des complications, les déclenchements de neige poudreuse en altitude qui emportent de la neige lourde et mouillée en aval sont particulièrement dangereux. La tempête nous força à évacuer la station le 26 vers 14h, comme souvent les pires vents précédaient une magnifique éclaircie, nous nous retrouvâmes sous le soleil et le calme une fois les clients évacués à 16h. Le 27 au matin, 37 cm s’étaient accumulés sur la planchette en trois jours et le SLF plaçait la région en danger 4; mais 4- moins, on en reparlera. Nous avons alors procédé à l’essentiel du minage à skis et aux Gazex, puis achevé le 28 par le minage hélico et quelques fignolages sous un ciel parfait. Nous avions atteint le mètre de couche le 9 pour ne plus passer dessous, toute cette poudre reposait sur un fond parfait, ce très frais mardi 28 (-14.8° à la Corne) fut magique. Le lendemain les perturbations étaient de retour avec un front chaud, les vents tournèrent au sud-sud-ouest et amenèrent un couche de 5 cm fortement mêlée de sables du Sahara pour la première fois observable cette saison. La photo ci-dessous a été prise pas Denis au départ de Durand, qui les a nommées “roulettes de neige”. les boulettes formaient des colimaçons aux couches délimitées par les sables en surface. Dame Nature doit réunir plein de paramètres pour créer ces merveilles éphémères.

Malgré les perturbations, le soleil de mars entretint une sensation de temps de gibouleux plus qu’hivernal avec d’agréables moments de soleil et des températures faciles. Le rapport climatologique mars 2023 de MétéoSuisse ne me contredit pas. Le dernier jour du mois fait l’objet d’une rétrospective sur leur blog, un épisode très intéressant qui garantit à mars une place sur le podium des vents avec un 117 km/h WNW le 31 à 16h. Une histoire que je terminerai en avril…


