Début décembre, nous avions suffisamment de neige de culture pour préparer le centre du domaine; les premiers clients, surtout des ski-clubs, profitèrent de l’ouverture anticipée le samedi 3 après deux reports. L’Immaculée Conception marqua l’ouverture saisonnière du secteur Sorebois, Bendolla suivit le 17. La montagne était douce et belle, pas grand chose à dire sur la neige si ce n’est que le peu en place se métamorphosait en gros cristaux. Le SLF publia un premier bulletin régional le 7, histoire d’être prêt pour le front froid du 10 qui laissa une quinzaine de cm à 2500m et blanchit la vallée dès 800m. Cette perturbation du NW entraîna un froid glacial qui plaça le record saisonnier à -19.7° le 11 à 7h, jusqu’à -27° en surface de la neige. Un manteau fin, un sol tiède et de grands froids accélérèrent la métamorphose constructive.

On peut critiquer l’enneigement artificiel, il permet la survie voire l’essor économique de notre vallée en garantissant la saison touristique. La fréquentation des stations montre le besoin d’espace et d’évasion des citadins laborieux, leurs déplacements entre plaine et montagne inquiète bien plus mon œil d’écolo que la production de neige. Nous retenons l’eau pour la transformer en électricité, nous utilisons au passage un peu des deux ressources pour garantir l’attractivité touristique du pays. Que ceux qui critiquent présentent leurs bilans.
La météo se rétablit bien vite, nous approchions des fêtes sans pouvoir envisager l’ouverture des pistes naturelles quand le miracle de Noël se produisit : un front chaud très actif avec d’abondantes précipitations approchait, mais avec une limite pluie-neige entre 2000 et 2500m. Le déluge s’abattit le 23 décembre, je mesurais 23cm au matin, 44cm de plus le 24, mesures à 2500m. Les pluies rincèrent la montagne jusqu’à 2200m, jusqu’à 2400 en fin d’épisode. Au final, il subsista moins de 30cm de neige mouillée au départ du Chiesso à 2260m mais nous avions assez de matière plus haut pour préparer les pistes naturelles avant le rush des vacances de Noël. Au matin du 24, nous avions 96cm de neige lourde à 2500m, un manteau détrempé sous 2400m, des congères formées par trois jours de vents d’ouest modérés mais réguliers. Le tout posé sur un substrat d’une trentaine de cm de gros sel.
Nous skiions sur des œufs au minage du 24, des plaques énormes se déclenchaient à notre approche au-dessus de 2500m. Plus bas, tous les talus se détachaient facilement sous le poids d’un manteau détrempé, seules les faces exposées au sud et dégarnies de couche de fond et les faibles pentes gardaient le nouvel apport. L’épisode coûta peu en bombes, les zones de tir se déchargeaient à notre approche. Un minage tendu et impressionnant, avec de forts tassements sur les pentes moyennes et de nombreux départs sous nos skis. Les 25 au retour d’une bonne visibilité, nous constations que la montagne était purgée et qu’il ne restait plus grands risques dans la périphérie du domaine skiable. Le SLF plaça la région en degré 4- les 23 et 24, puis en 3+ marqué le 25 ce qui m’a semblé judicieux. Les nuances apportées aux degrés de danger par les symboles -,= et+ dans les bulletins d’avalanches feront l’objet d’un article prochain, je me laisse quelques mois pour apprécier la nouveauté. Niveau ski, nous avons apprécié quelques virages au-dessus de 2600m, dans une neige lourde et peu profonde d’où dépassaient de nombreux cailloux. Par contre cette neige bien tassée et les pentes purgées feront un substrat idéal aux prochains apports.

Puis revint le beau temps, la vallée se remplit lundi 26 et les domaines skiables de Sorebois et Bendolla dépassèrent les 9500 skieurs le mercredi 28, un record. Une période faste pour nos stations d’altitude, au détriment des domaines situés sous 2200m. Pas de pistes de ski de fond, mais quelques possibilités de faire de la luge et des patinoires ouvertes. Il manquait clairement une petite touche hivernale dans les villages pour ces fêtes de fin d’année. Fin décembre, nous avions passé les 200cm de cumul, toujours au point de mesure à Sorebois 2500m. La feuille de calcul Décembre 2022 est résumée dans le graphique ci-dessous. Encore une fois, comme le démontrera certainement le bulletin climatologique de MétéoSuisse à paraître, ce dernier mois d’une année trop douce n’a fait que confirmer une réalité. Les stations devront s’y adapter ou périr.
