Avec 6 cm mesurés le 1er avril au matin, nous avions déjà fait mieux qu’en mars. Des vents du nord apportèrent de l’air polaire et, enfin, quelques précipitations qui débordèrent à peine des Alpes bernoises. Le dimanche 3 au matin nous avions déjà 42cm supplémentaires en montagne, et la station était à nouveau blanche d’une vingtaine de cm. Les températures fléchirent jusqu’à -8.3° à Zinal et -17.7° à Sorebois le 3, elles n’iront pas plus bas cette saison. Le minage de cette première dégradation laissa peu de résultats, nous avons profité de quelques jours de bon skis et étions quelque peu rassurés, nous allions tenir jusqu’au 24, jour de la fermeture.

Après une petite accalmie et précédée d’un belle hausse des températures, une petite tempête aborda le pays le 7 avec des vents d’ouest modérés, plus belle rafale à 96 km/h le 8 au petit matin. Je notais le 10 un cumul de 53 cm en quatre jours, de quoi nous renvoyer à la mine pour la dernière fois de la saison. Les températures restèrent en-dessus des normes avec un soleil bien présent jusqu’au dernier week-end d’ouverture. Si bien que je me demande parfois s’il n’est pas obsolète de tenir blog sur la neige, je devrais m’intéresser aux fleurs observables bien plus longtemps.


Derrière de gauche à droite : saxifrage à feuilles opposées au sommet de Durand, pulsatilles et tussilages photographiés à la Combe le 17 avril. Dessous des gentianes de Koch, soldanelles et crocus vus à Zinal le 22. J’ai également trouvé quelques morilles le 13 sous le village de Pinsec. Le printemps est précoce, la vallée libre de neige voit un réveil prématuré de la végétation, les pentes exposées au soleil sont libres de neige quelques jours après les dernières précipitations qui ne tiennent pas sur une terre déjà chaude.
La saison touristique traina en longueur, les températures nous obligèrent à fermer certaines pistes définitivement et d’autres l’après-midi. Ce n’est pas toujours facile à expliquer aux clients qui n’ont pas conscience du danger que représente la neige mouillée.
Le vendredi 23, deux personnes ont traversé les avalanches de l’arête du Col pour skier le secteur des Italiens, une exposition nord où la couche subsistait. C’est heureusement le premier arrivé qui déclencha une grosse coulée. Le 19 avril 2003 au même endroit, un père déclencha une avalanche similaire alors que son jeune fils était engagé dans la pente, il ne survécut pas.

C’est incompréhensible pour nous, comme de se jeter dans une mer où tournoient des ailerons de requins. Ils sont ensuite revenus sur leurs pas, autant malhabiles sur des skis qu’à pied dans le terrain. Pour éviter que la saison se termine par un drame, un patrouilleur est resté les deux jours suivants pour compléter le filet et les panneaux d’interdiction. La neige était vraiment pourrie la dernière semaine, le lac s’est doucement formé au fond de Barthélémy, des téméraires se sont amusés au waterslide.

Nous avons subi quelques giboulées les 24, 25 et 26 pour un total de 17 cm sur lesquelles s’ajoutèrent 4 cm le 31 au matin. Le total d’avril est d’un bon 116cm, la dernière perturbation laissa ses flocons au mois de mai qui n’entre pas dans mes calculs. La moyenne des extrêmes donne une température dans les normes pour avril, la sensation générale est restée douce. Il était vraiment temps de fermer les pistes le 24, même si les tronçons enneigés artificiellement auraient pu terminer le mois. Retrouvez au bout des liens le bulletin climatologique avril 2022 de MétéoSuisse et mes mesures sur la feuille de calcul avril 2022.
