Un profil de deux mètres prend deux heures, en se contentant d’un test de compression. J’ai choisi une pente nord une vingtaine de mètres sous l’arête de la Corne, un endroit qui subit l’influence du vent, mais qui n’a été ni skié ni déclenché de la saison, une rareté fin mars. Le sol est gelé, toutes les strates sèches, alors que le soleil de printemps pousse doucement le 0° au-dessus de 3000m.
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C’est vraiment intéressant de constater les différences d’évolution du manteau suivant l’emplacement. Les principales particularités de cette coupe, outre les 90cm en plus du jalon au plat :
– L’épaisse strate au sol est formée de neige très ancienne, probablement tombée en octobre et soufflée par le foehn; les cristaux sont gros mais soudés, ils faut gratter pour les recueillir. J’y vois une grosse métamorphose constructive en début de saison, puis modérément destructive.
– La deuxième strate résulte certainement de neige artificielle accumulée lors de l’effort d’enneigement de fin novembre. Les canons sont à 50 mètres.
– La troisième résulte des neiges de décembre, peu tassées par le vent et bien métamorphosées.
– Les trois couches suivantes sont tombées la deuxième quinzaine de janvier, la plus solide était poussée par des vents à plus de 120 km/h.
– Après un couche molle née des dernières neiges de janvier et des premières de février, on trouve la fameuse couche mêlée des sables du Sahara autour du 6 février. Pas de précipitation, seul le vent du sud modela cette state, mélange de neige soufflée et de sable.
– Puis une couche de faces planes très fragile. J’y vois les dernières neiges de la première quinzaine de février restées en surface jusqu’au 10 mars. Cette strate s’est effondrée après huit touchettes au test de compression. Là où plus de neige s’est accumulée dessus, elle présente le principal danger actuel et semble responsable de plusieurs accidents mortels (4 morts en Valais du 20 au 23 mars).
– En surface les dernières neiges de mars. La couche est fine, les forts vents du N-NW ont accumulé ces précipitations sur l’autre versant.
La deuxième faiblesse est à 60cm, j’ai pu découper jusque-là une fine lamelle et la déplacer pour l’observer à la lumière, l’ensemble est donc cohérent. La plupart des endroits similaires plus pentus se sont déjà déclenchées plusieurs fois cette saison. Jusqu’aux avalanches de printemps, le danger viendra principalement des neiges accumulées sur la très remarquable couche sablée.