Après l’accalmie du 31 janvier, de nouvelles perturbation apportèrent quelques précipitations dans un air très doux, et nous craignions qu’enfin libérés des cités, nos clients ne bravent les dangers sans discernement. La grande combe de Singlinaz qui domine la piste de l’Aigle avait résisté aux tirs de Gazex et au minage par hélicoptère, impossible d’ouvrir le retour en station dans ces conditions. Même fermées barricadées, ces pistes sont parcourues à contre-sens par de nombreux randonneurs souvent inconscients du danger. Je mesurais 2° à Zinal le 3 au petit matin, il pleuvait jusqu’à 2400m, de nombreux talus se déclenchèrent sous la limite des forêts. Nous redoutions le scénario de Noël 2012 que j’avais résumé ainsi :
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Avalanche du 22 décembre 2012 à Singlinaz. Cliquez pour agrandir |
Suivant le même plan mais dans des proportions moindres, l’avalanche de Singlinaz se déclencha peu avant 15h, recouvrant la route de la Latta et la piste jusqu’au sommet du mur noir, et le bas de la route, épargnant encore une fois de peu les bâtisses de l’alpage. Cette neige lourde n’aurait laissé aucune chance aux randonneurs présents sur son passage, même équipés comme des lions aux portes du Colisée.
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Singlinaz le 3 février à 16h. |
Nous n’avions plus qu’à attendre que les talus en amont de la route du retour vers la Barmette se déclenchent pour envoyer les machines ouvrir la piste. Ce que permit finalement la grosse chute des températures du 8 qui figea les pentes humides sous 2500m, rabaissant le danger d’avalanches à 2 dans la région. Après ce jour, seules les coulées déclenchées par les freeriders dans le vallon de Moiry nous préoccupèrent, l’ensemble du domaine sécurisé resta stable et je ne mesurais que 10cm supplémentaire pour le reste du mois. Avec 48cm de neige tombée et une température moyenne de -1.5° le matin en station, février resta calme et trop doux. Malgré la phobie du covid, de nombreux skieurs profitèrent des relâches de carnaval pour s’aérer dans nos stations.
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Sorebois le 6 février à 12h. |
Deux incursions de nuages de sables du Sahara allaient colorer la montagne; celui des 5 et 6 fut le plus intense depuis le 21 février 2004 qui m’avait particulièrement marqué. Un retour moins spectaculaire des sables du 22 au 25 obscurcit longuement l’atmosphère, se déposant lentement jusqu’à ressembler à du stratus sur la plaine. On les remarque bien sur cette photo du coucher du soleil prise en fin d’épisode, le 24 février à 18h depuis la Corne de Sorebois. Notez qu’en 2004 le sable était mélangé à la neige, alors que cette année il s’est déposé par vents soutenus du sud, s’accumulant derrière les mouvements du terrain.
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