L’été au mayen des Moyes m’a marqué émotionnellement, j’y ai passé l’essentiel de mes loisirs. Les sujets du blog restent la météo et le milieu naturel en Anniviers. Donc :
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Zinal, le 8 août à 19h30 |
Alors qu’il me semble avoir observé une nette baisse des effectifs chez les grands mammifères, les petits se portent bien. Les renards se font plus rares, on rencontre moins d’animaux galeux ou visiblement en mauvaise santé. Ils semblent avoir laissé plus de place dans l’écosystème aux souris, écureuils, lièvres et marmottes qu’on rencontre désormais en forêt à 1400m. Les corvidés en général profitent du climat, couples de grands corbeaux, geais et autres casse-noix prolifèrent. Mon chemin a croisé quatre vipères, ce qui est… assez. Les chauves-souris ont attiré souvent mon attention. On les voyait autrefois chasser en soirée autour des lampadaires en vallée, elles ont égayé la plupart de mes soirées en extérieur cet été. J’en ai trouvé dans un galetas, et quatre victimes en bordures de routes. J’ai découvert à Ayer le cadavre de ce qui semble être un lérot, rongeur que je n’avais jamais observé ni piégé. Je rappelle que ce ne sont que des observations personnelles, subjectives, celles d’un curieux qui vit en immersion. Les statistiques officielles sont produites dans des bureaux en ville, on sait déjà que la chasse fut médiocre.
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Un lérot? Merci de me contacter en cas d’erreur. |
La couche de neige, impressionnante mi-avril, fondit rapidement sous le soleil exceptionnel de la dernière quinzaine du mois. Dès la mi-mai, on accédait pieds secs aux mayens jusqu’à 2000m. Mai fut doux, normalement pluvieux. Sur un terrain encore gorgé des eaux de fonte, la croissance des végétaux fut ahurissante. Nous imaginions des crues, glissements de terrains et autres catastrophe à la fonte des masses record de neige. Tout se passa bien, seuls quelques talus fragilisés par des routes s’éboulèrent au printemps. L’eau ayant pu s’infiltrer doucement dans le terrain, les sources taries en 2017 retrouvèrent toute leur vigueur. A la fin d’un été aride, elles donnent encore raisonnablement. On distingua facilement ces deux dernières années les sources alimentées par des réseaux profonds de celles dépendantes des précipitations annuelles. Les arbres enracinés dans un terrain détrempé ont mal supporté le poids des neiges hivernales, beaucoup de spécimens gisaient au sol, les racines à l’air. Les promenades forestières viraient au gymkhana avant le passage des services d’entretien.
En juin débuta l’été le plus chaud et aride depuis 2003, des orages arrosèrent encore les prés qui fournirent une fenaison précoce, supérieure à la moyenne selon certains, exceptionnelle selon d’autres. L’inalpe de Nava se déroula sous un soleil parfait le 16 juin, les pâturent étaient libres de neige. Après la première fauche en vallée, les prés sans irrigation brunirent, la croissance des végétaux ralentit, la nature sécha sous un soleil de plomb. Seuls de forts orages très localisé arrosèrent le terrain, l’eau n’avait pas le temps de s’infiltrer. Chaque pluie en juillet fut destructrice et mobilisa les services d’intervention. La crue de la Navizence du 2 juillet fait l’objet d’un précédent article, notons juste que les dégâts estimés à 20 millions après l’événement atteignent fin octobre quatre fois ce chiffre.
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Pied de chasselas le 18 septembre à Corin |
Selon les bulletins climatologiques de MétéoSuisse, mai fut le 5ème plus chaud depuis le début des mesures, juin le 4ème, juillet le 5ème, août le 3ème, septembre le 2ème, octobre sera sur le podium. La majorité des scientifiques annonce depuis mon enfance un changement climatique extrême dû aux rejets de carbone et de gaz de synthèse dans l’atmosphère. Après un hiver record, nous pensions que les glaciers seraient épargnés cet été, mais ce fut finalement une fonte exceptionnelle. Paradoxe dans notre vallée, la lutte contre le changement climatique s’accompagne d’une combustion de diesel, essence et autre kérosène, incroyable. Tout l’été, camions, pelles mécaniques, hélicoptères chargés de matériel ou d’experts, ont sillonné les routes et les cieux pour réparer le lit de la Navizence, construire des digues, réparer des accès détruits par les intempéries, ingénioriser… Ce n’est pas anecdotique, des processions de camions chargés de pierres ont arpenté les routes. Montez en Anniviers derrière un camion chargé de blocs pour voir et renifler le paradoxe auquel nous sommes confrontés! Espérons comme l’affirment certains que la précession des équinoxes, les perturbations cycliques du champ magnétiques ou autres théories soient responsables des soubresauts climatiques. Si ce sont vraiment les activités humaines, et la combustions rapide des millions d’années de forêts fossilisées qui perturbent le climat, nous rajoutons du poison sur les plaies.
L’album public été 2018 est en ligne, je n’en suis pas fier; problèmes de réglages puis perte de mon appareil principal, destruction de mon pixel qui prenait d’excellentes photos… Et peu de randos dans la vallée cet été alors que mes images publiques sont toutes prises en Anniviers.