J’ai retrouvé cette légende en pdf, un journal numérisé de 1922 appelé “Le Conteur Vaudois” l’avait publiée. Je n’avais encore jamais rencontré ce récit dans les recueils ni dans les dits. Les Anniviards parlent souvent de Zinal comme un “coin à serpents”, les vipères aspic sont effectivement bien représentées. La légende moderne des “lâchers de vipères par hélicoptère” imputés aux écologistes a également fait de nombreux adeptes au pays. Je retranscris ici ce conte qui mérite une meilleure visibilité sur la toile.
Autrefois, le riant vallon de Zinal était infesté de serpents. On n’osait guère s’y aventurer et on ne restait que le temps strictement nécessaire pour la fenaison. Malgré une lutte incessante contre les dangereux reptiles, ceux-ci se multipliaient toujours d’avantage, et les gens voyaient avec peine arriver le moment où ils devraient abandonner ce site fertile et agréable.
Un jour cependant, venant on ne sait d’où, arriva un personnage à l’allure mystérieuse qui s’offrit, moyennant certaines conditions, de débarrasser le vallon des vipères malfaisantes. Ils fallait sonner sans discontinuer la petite cloche de Zinal, pendant que lui accomplissait sa mission, qui consistait à massacrer les reptiles.
Au jour convenu, l’homme partit, armé seulement d’une flûte avec laquelle il jouait un air tout-à-fait ancien. Il parcourut ainsi en jouant monts et pâturages de la vallée. Bientôt on vit arriver sur la place de la chapelle de Zinal quelques reptiles, puis il en vint en bandes serrées, et tous les alentours en fourmillaient. Les serpents se jetèrent les uns sur les autres et s’entre-tuèrent. Il y avait déjà des heures que le charmeur était partit, et les serpents commençaient à se faire de plus en plus rares. Fatigué dans son travail, le sonneur s’arrêta un instant. Aussitôt, les quelques reptiles qui avaient survécu à la lutte, cessèrent de se combattre et allèrent se réfugier sous l’alpe de Lirec où, rencontrant le charmeur, ils le dévorèrent.
Depuis lors, le vallon de Zinal fut débarrassé de ces redoutables reptiles, sauf l’alpage de Lirec où s’étaient réfugiés les derniers survivants et celui d’Arpitettaz où le charmeur n’était pas encore arrivé.