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Arol de plus de 130 ans emporté à la Latta le 22.12.2012 |
10.05.2013 – 12h30 Cet hiver a bénéficié d’un enneigement parfait de fin novembre à la fermeture des pistes le 14 avril, au détriment des journées de beau temps et des températures agréables. L’hiver n’est pas terminé en haute montagne et ce début de printemps particulièrement maussade n’aide pas les alpages à se découvrir. Le mercure affichait 3° à 2900m hier à 13h, deux grosses avalanches ont dévalé des Gardes de Bordon sur les plats de la Lé. Il reste 75cm de neige à 2500m, la station MétéoZinal indique plus de 12mm ces dernières 24h et MétéoSuisse promet une chute des températures… Mais l’hiver sur ce blog commence le 1er novembre et court jusqu’au 30 avril, ces dates englobent à coup sûr l’ouverture des remontées, pour rester comparables les statistiques saisonnières doivent englober les mêmes périodes.
Le passage de la Latta avant la piste noire sur Zinal pose de gros problèmes de reptation, les talus surplombant la route sont très pentus, le bétail ne s’y aventure pas pour nettoyer le terrain. Quelques arols y poussent et je proposais de favoriser la forêt pour contenir les reptations. Ironie du sort, un fort redoux et des pluies trempaient un manteau de plus de 80cm jusqu’à 2300m le 22 décembre, le talus coula emportant les rares arbres qui s’y étaient installés. J’ai compté 119 cernes annuelles à 111cm de la souche, l’arbre avait survécu à plus de130 hivers avant de succomber dans la force de l’âge, emporté par ce millésime exceptionnel. C’est l’image forte que je garde de cette saison, mais le choix fut ardu.
Quatre épisodes particulièrement difficiles à gérer ont marqué. Un fort cumul début décembre avec des minages spectaculaires les 6 et 12, et le redoux du 22 avec l’avalanche catastrophique de neige mouillée sur Singlinaz. Un autre cumul important début février avec des avalanches de grandes dimensions jusque dans les digues en vallée, et enfin le spectaculaire réchauffement du 14 avril. Les épisodes neigeux étaient portés par des vents du nord-ouest, cette direction engendre des accumulations favorables pour notre domaine skiable. Les vents sont restés modérés, la plus belle rafale n’atteint pas les 120km/h, un manteau uniformément réparti est plus stable que si de grosses accumulations succèdent à des zones dégarnies. On peut en débattre, les tempêtes de l’hiver 2012 furent si fortes que la neige se retrouva compactée dans les combes et les plats, d’où elle ne bougea plus. Enfin, un froid régulier et l’absence de long anticyclone évita une métamorphose trop rapide de la neige vieillissante, les gobelets et le gros sel n’ont que peu envenimé la situation.
Six tableaux interactifs compilent toutes les données de la saison: novembre, décembre, janvier, février, mars, et avril. Ils englobent les explosifs utilisés pour sécuriser le vallon.
En conclusion, le très exposé vallon de Zinal reste gérable avec 731cm de neige cumulée, les routes sont restées ouvertes, les digues et autres ouvrages de protection ont parfaitement tenu leur rôle. Il faut miner régulièrement les pentes pour éviter les accumulations, et laisser parfois la neige se tasser quelques jours avant d’ouvrir certains secteurs. Ceux qui râlent devant une piste fermée ne profitent pas de celles ouvertes. L’hiver 2013 succède au 2012 comme nouvelle référence du troisième millénaire. On en redemande!
Je remercie les 1125 “visiteurs uniques” qui ont consulté ce blog 2960 fois cet hiver, 39% d’entre vous étaient de nouveaux lecteurs. J’espère que rendre publiques les statistiques, relayer les informations du SLF et expliquer certaines méthodes de travail contribue à la sécurité des hôtes de Zinal. Les pages internet d’annitrek, tel ces brocards photographiés mercredi par ma fenêtre, commencent leur mue vers un été que je nous souhaite ensoleillé et doux.
Mai, les brocards perdent leur toison hivernale et le velours des nouveaux bois. |