06.05.2012 – 13h00 Un hiver grandiose, varié, avec des périodes météorologiques qui ont rivalisé avec les extrêmes historiques. Depuis l’ouverture anticipée de la station, nous attendions que seule la neige artificielle décore les pâturages de Sorebois. Novembre 2011 fut le plus sec et le plus chaud depuis le début des mesures, et nous avons skié sur une bande de neige entourée de filets de protection. Un jour, pour occuper un îlot herbeux entre deux pistes à quelques mètres du restaurant d’altitude, nous avons invité deux génissons à passer une journée au milieu des skieurs. C’est cette image que je souhaite garder de cette saison exceptionnelle.
MétéoSuisse publie pour chaque mois un bulletin climatologique complet.
Puis vinrent la neige et les tempêtes, Joachim le 16 décembre et Andréa le 5 janvier qui nous emmenèrent un cumul de plus de 5m avant fin janvier, plus du double de l’hiver passé. Andréa souffla à 153 km/h, se plaçant juste derrière Lothar qui fut mesuré à 168.5 km/h le 26.12.1999. Les vents tassèrent la neige dans les combes et les plats, une couche homogène fortement liée et difficile à déclencher. Les explosifs économisés ces deux dernières saisons trouvèrent de l’emploi, trop souvent pour creuser des baignoires dans un manteau très stable.
En février, une vague de froid plaça le mois dans le top 10 des mesures négatives, la station de Sorebois affichait un cruel -24.1 le 10.02, ce n’est que le 21 qu’un front chaud brisa la bulle qui gelait le continent. La neige resta évidemment très bonne, on constatait une transformation en surface mais la base du manteau n’évoluait que très lentement et tout restait stable.
Début mars, les premières chaleurs printanières permirent de miner les pentes qui menaçaient le domaine skiable, elles ne posèrent plus de problème jusqu’à la fin de la saison. Beaucoup de giboulées en mars et avril, si la montagne n’était pas vraiment agréable à vivre, les conditions de ski sont restées exceptionnelles avec des moments de grand bonheur jusqu’au dernier jour.
Le printemps sera long, la neige fond lentement et début mai est franchement maussade. Les névés garniront la montagne cet été, rendant progressivement leur eaux aux sources et rivières. Les glaciers apprécieront aussi le cumul impressionnant de presque 7 mètres. Notre écosystème comme notre économie se sont bâtis sur de véritables hivers enneigés, même si le tourisme a souffert de la conjoncture et de la météo défavorable. Je suis prêt à signer pour que nos prochaines saisons de glisse soient aussi tourmentées que cet hiver 2012, qui n’a pas été entaché de drame lié à la montagne dans notre fond de vallée.