Lors de la désalpe de Zinal il manquait une vache, le vacher fit demi-tour pour aller la chercher. Quand il eut enfin trouvée, il alla avec elle dans un chalet d’alpage pour y passer la nuit.
A minuit il fut réveillé : on entendait un tapage qui se faisait de plus en plus violent. Finalement, une foule d’hommes et de femmes se précipitèrent dans le chalet. Terrorisé, le vacher caché sous le lit osait à peine respirer, il avait reconnu les sorciers et sorcières d’Anniviers. On ne fit que danser et jubiler pendant deux ou trois heures, jusqu’à ce que l’un d’eux s’exclame :”J’ai faim! Que pouvons-nous manger?” Un deuxième s’écria :”Il y a une vache là-bas qui fera tout à fait l’affaire!” Le vacher dans sa frayeur n’osa pas bouger. Ils tuèrent la vache, la rôtirent sur le feu et la mangèrent. Pendant le repas, leur chef dit en montrant le berger du doigt :”Qu’on en donne un peu à celui qui est sous le lit!” On offrit un morceau au vacher tout tremblant mais celui-ci refusa. “Mange ou malheur à toi!” lui ordonna-t-on et il obéit. On étendit alors la peau de la vache; quelqu’un réunit les os et les y jeta puis il rassembla la peau de la vache en un baluchon et cria :”Rosina, lève-toi!” A ce moment la vache se leva et les esprits disparurent.
De bon matin, le vacher redescendit la vache au village. Elle boitait, parce qu’il lui manquait à la cuisse arrière le morceau que le vacher avait mangé lui-même.