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Fin de saison abrupte

24.03.2020  –  La décision est tombée le vendredi 13 mars, tous les domaines skiables du pays devaient fermer immédiatement pour éviter la propagation du coronavirus. Les employés des remontées mécaniques et de l’école de ski sont montés lundi 16 pour ranger le matériel de protection et de balisage. Nous avons délaissé un domaine skiable parfait avec 160cm de neige bien tassée au point de mesure à 2500m et 34cm en station à 1700m.

Barrage à l’entrée des Plats de la Lée

Communiqué du service de sécurité de la commune d’Anniviers

Les chemins pédestres hivernaux, les sentiers raquettes, les rando parc ne sont plus ni sécurisés, ni surveillés. Les pistes de ski de fonds, par exemple les Plats de la Lée à Zinal, ne sont plus ni sécurisées ni entretenues, le balisage a été retiré, il en est de même pour les domaines skiables. Il est absolument nécessaire que les personnes qui souhaitent faire des randonnées en peau de phoque, raquettes, s’informent sur le danger d’avalanche. Ces personnes doivent connaitre le milieu alpin,  elles doivent avoir les connaissances suffisantes et le matériel adéquat. Ces sorties se font sur la base de la responsabilité individuelle de chacun.
En clair, les règles de la haute montagne “libre” s’appliquent sur ce qui était le domaine skiable, les piste de ski de fond des Plats de la Lée, les chemins pédestres et raquettes.  Au-delà des barrages et sur tout le territoire, plus rien n’est fait pour protéger les itinéraires contre les dangers de la montagne. De plus, les hôpitaux étant saturés et le personnel soignant mis à rude contribution, il serait malvenu de mobiliser les moyens des systèmes sanitaire et de sauvetage pour une imprudence.  
Depuis la fermeture générale du 14 mars, les conditions printanières sont, hélas, idéales pour la randonnée. Les hautes températures mouillent la neige la journée et le ciel nocturne dégagé fige le manteau. En-dessus de 2200m, la quantité de neige ne permet pas à l’humidité de pénétrer en profondeur, la masse reste stable. Jusqu’à 2600m, les pentes exposées au sud sont dégagées, souvent purgées par les minages près des domaines skiables. Jusqu’en début d’après-midi, le danger d’avalanches maintenu sur deux limité dans la région est quasi nul. Aucune avalanche notable sur les Gardes de Bordon où seules quelques chutes de pierres ont attiré mon attention. J’ai cessé de publier les mesures le matin sur Twitter, vous pouvez les retrouver directement sur la feuille de calcul mars 2020 régulièrement mise à jour. Je surveille le jalon de Sorebois avec le drone, les autres mesures sont disponibles via des stations en ligne et la webcam de la Vouarda.
Les cabanes de haute montagne sont fermées, y compris les locaux d’hiver dans bien des cas. A Tracuit par exemple, seul un local de secours pour les personnes blessées ou perdues sera accessible. 
Le centre du domaine skiable fermé, le 18 mars à 10h. 
Confiné dans mon mayen je ne peux me plaindre, le temps est un luxe dont je profite avec bonheur. Reste à digérer cet énorme gâchis, et à lever les doutes sur le traitement des employés saisonniers souvent négligés par le système. Le magasin du village est bien alimenté, aucun produit ne semble manquer, je souhaite aux anciens venus se réfugier dans leurs résidences secondaires un printemps doux et ensoleillé. Si l’hiver rappelle son bon souvenir, Zinal et la montagne en général seront bien moins confortables. Retrouvez les pages internet officielles sur la gestion du coronavirus : la page de la confédération, celle du canton du Valais, et celle de la commune d’Anniviers, et daté de ce jour ce mot diffusé par Anniviers Tourisme.
Ce montage quasi gore illustre des pages officielles, vilain virus !

La Chine, l’Italie, le Tessin, un premier cas dans le Haut-Valais… J’ai vu arriver la crise avec une totale nonchalance, comme on regarde des informations lointaines au téléjournal. La décision de fermeture du domaine skiable m’a désarçonné. Dix jours plus tard le monde est à l’arrêt, même Trump commence tout doucement à entrevoir le problème malgré son système nerveux centralisé près des hanches. L’autorité élue a repris un pouvoir abandonné depuis longtemps à l’économie. Beaucoup l’avaient bien dit après coup, mais seul Bill Gates criait au loup sur les dangers d’une épidémie mondiale il y a quatre ans. L’humanité fait silence, les machines qui sillonnent et polluent la planète sont en pause. Seuls les chasseurs de l’armée s’en donnent à coeur joie depuis trois jours, histoire de détendre l’atmosphère je présume. Espérons que les hommes profitent de cette pause forcée pour réfléchir, et changer ce qui doit l’être.

Février 2020

Février confirme sa réputation de mois des tempêtes, avec quatre événements remarquables. Différents organismes s’amusent à nommer les phénomènes atmosphériques, cette page wikipédia recense les tempêtes hivernales en Europe. Pour résumer, Petra nous a occupé les 3-4-5 avec une rafale à 133.9 km/h 321°, puis vint Ciara les 10-11-12 avec un record saisonnier à 137,5 km/h 315°, suivie de près par Ines dans la nuit du 13 au 14 et son modeste 109.1 km/h 290° qui n’entrera même pas dans le palmarès. Bianca clôt le mois avec un 124.6 km/h 304° le 27 à 20h. Comme les transports à câbles sont impactés dès 60 km/h, j’ai aussi recensé un 62.3 km/h 311° le 17, 67.3 km/h 280° le 20, 62.3 km/h 268° le 23. Saupoudrez les frasques d’Éole de quelques 135cm de neige pour comprendre les 8 minages dont 2 par hélicoptères et les 9 tirs de Gazex nécessaires pour sécuriser le vallon. Ce qui représente 1455kg de Tovex, et 471 explosions. Pour ceux qui aiment les chiffres… 

Les vents à la Corne 2900m en février 2020. Cliquez pour agrandir.

Ramenons le propos un peu plus à droite du cerveau; nous nous demandions après chaque tempête où se cachait la neige. Les arêtes et les bosses pelées par le vent laissaient une montagne à l’aspect dénudé, mais à y regarder plus près, des vallons avaient disparu, des pentes semblaient raccourcies. Les aspérités nivelées laissaient de grandes surfaces lisses à la place des terrains tourmentés. Comme nous minons au sommet des pentes, nos résultats restaient moyens. Nous avons dépassé le mètre au point de mesure le 3, Sorebois est toujours excellent à skier dès cette marque. En station à 1700m par contre, la couche oscillait autour des 30cm. Pour cause, malgré une météo dynamique, nous avons vécu le troisième février le plus doux depuis le début des mesures. La photo de Sorebois ci-dessous prise par drone le 9 montre déjà des pentes magnifiquement enneigées. Une dizaine de jours de beau temps bien répartis offrirent de belles vacances à la majorité. Les remontées ont fermé plusieurs jours de tempête, les stratèges semblent toutefois satisfaits de la fréquentation. 

Sorebois le 9 février 2020. Cliquez pour agrandir.
Au niveau des surprises, je retiens cette grosse plaque déclenchée à mi-pente sur les couloirs nord de l’arête de la Corne. La bombe a glissé, la cassure de plus d’un mètre et la quantité de neige déplacée sur ce secteur régulièrement skié m’ont laissé perplexe. Restait-il d’autres pièges similaires autour du domaine skiable? 
Les pentes nord de l’arête de la Corne le 5 février 2020. 
Un ciel magnifique permit le minage des quelques 40cm bien soufflés de l’ultime coup de tabac du mois, Bianca, le 28 au matin. J’avais congé et me levais pour filmer les Gardes de Bordon, braqué sur l’avalanche de la Lée, ultime géante échappant aux purges des Gazex. Un résultat moyen mais les images sont belles. Comme la deuxième partie est prise de drone, sans le son, j’ai accompagnée le film d’une version libre de l’Apprenti Sorcier. 

Pour résumer, un mois tempétueux avec deux épisodes dangereux au début et à la fin, entre-deux des vacances de carnaval à la météo satisfaisante, une neige magnifique,avec de petits apports réguliers. Des températures qui passent du coq à l’âne sans toucher d’extrêmes, -2.2° au plus chaud et -16° au plus frais à la Corne à 8h00. Retrouvez les mesures sur la feuille de calcul février 2020 que résume le tableau ci-dessous.

Cliquez pour agrandir.
Je trouve raisonnable d’attendre le bulletin climatologique de MétéoSuisse pour partager mes résumés mensuels. Je mettrai le lien dès sa publication. Les prochains articles toucheront des sujets annexes qui doivent précéder l’intéressant mois de mars que nous vivons. Ce mot sera mis à jour ultérieurement. 

Enneigement 2000-2019

Mesures du cumul de neige à Sorebois 2500m, chaque saison d’hiver du 1er novembre au 30 avril :

Hivers 1999-2000 à 2008-2009
1999-2000 = 490 cm 2000-2001 = 580 cm
2001-2002 = 415 cm 2002-2003 = 390 cm
2003-2004 = 608 cm 2004-2005 = 435 cm
2005-2006 = 560 cm 2006-2007 = 457 cm
2007-2008 = 542 cm 2008-2009 = 677 cm
Moyenne 2000-2009 = 515.4 cm

Hivers 2009-2010 à 2018-2019

2009-2010 = 422 cm 2010-2011 = 243 cm
2011-2012 = 669 cm 2012-2013 = 731 cm
2013-2014 = 502 cm 2014-2015 = 514 cm
2015-2016 = 643 cm 2016-2017 = 411 cm   
2017-2018 = 842 cm 2018-2019 = 608 cm

Moyenne 2010-2019 = 558.5 cm

Moyenne 2000-2019, 20 ans = 536.45 cm

Janvier 2020

Après les dernières précipitations du 28 décembre, un temps ensoleillé et doux s’installait pour une longue période sur l’Europe centrale. Dans la continuité du troisième décembre le plus doux depuis le début des mesures, janvier se préparait à pulvériser les précédents records de chaleur. Nous entamions l’année avec une température positive à 2900m dès le matin, un peu plus tard dans la journée, je photographiais la première avalanche de glissement dans la zone exposée au sud du vallon d’Abondance à Bendolla.

Le vallon d’abondance le 1er janvier à 10h20
Que dire de la suite? Nous avons bien ressenti quelques variations du mercure, avec un minima à -16.9° le 19 à 20h, et mesuré 10cm de neige fraîche le 18 au matin, mais le mois est resté terriblement ensoleillé, doux et sec jusqu’au 28. Le ciel dégagé permettait au manteau neigeux de serrer pendant la nuit, assurant une bonne stabilité de l’ensemble, les faces exposées au sud perdirent rapidement leur couverture jusqu’à 2700m. La neige vieillissante se transformait en profondeur, le 20 déjà la trentaine de cm en station n’était plus que gros sel et se skiait comme de la poudre. Un profil effectué par les répondants locaux du SLF le 24 janvier dans le secteur des Italiens montre une vingtaine de cm de gobelets surmontés d’une couche dominée par des grains à faces planes. Nous nous attendions à des déclenchements faciles au retour des précipitations. Je ne publie pas directement ce profil sous copyright du SLF, je contourne…

Le 27 au matin, de magnifiques nuages lenticulaires sur le Weisshorn
annonçaient la fin de la période anticyclonique.

Dès le 26, enfin, le baromètre chuta et MétéoSuisse annonça le retour tant attendu des perturbations et des précipitations. Je mesurais les 12 premiers cm le 28 au matin, chiffre peu représentatif car troublé par des courants d’ouest qui culminèrent à 124km/h vers 6h du matin. Éole s’est mêlé de l’ensemble des mesures de la période, les quelques 60cm cumulés avant le grand minage du 30 sont néanmoins représentatifs de ce que nous avions sous les skis. Le danger monta rapidement en degré 3 dès les premières précipitations pour atteindre un 4 justifié le 29 suite aux 34cm bien tassés mesurables sur la planchette au matin. La couche à Sorebois dépassa le mètre, on trouvait encore plus de 40cm à Zinal malgré le gros réchauffement du 31. L’éclaircie du 30 permit de constater que la plupart des pentes s’étaient spontanément purgées pendant la tempête, le minage ne fut spectaculaire que sur les Gardes de Bordon où subsistaient de belles plaques déclenchées par hélico.

Minage des Gardes de Bordon le 30 janvier 2020 au petit matin
La montagne est belle et nos jours agréables durant ces longues périodes ensoleillées et douces, mais la succession de records de douceur commence à faire sérieusement flipper. On ressort les travaux de James Hansen qui publiait dans les années 1980 un scénario de réchauffement hélas vérifié quarante années plus tard. Insuffisant pour que la majorité suffocante impose une certaine décence aux plus gros pollueurs. On retrouve une description de ce mois de janvier particulièrement doux et ensoleillé sur le blog de MétéoSuisse et le rapport climatologique janvier 2020 par la même institution interprète le même air sur une mélodie plus chiffrée. En suivant ce  lien vers la feuille de calcul janvier 2020 vous pouvez consulter les données résumées sur le diagramme ci-dessous.

Janvier 2020 dans le vallon de Zinal. Cliquez dessus pour agrandir.

Décembre 2019

Avec une trentaine de cm de neige à 2500m et des températures plus fraîches, les premiers jours de décembre inaugurèrent une certaine ambiance hivernale. Lundi 2 vers midi, les nuages se dissipaient lentement, les cristaux en suspension dans l’air donnaient au soleil un air d’improbable soucoupe volante de lumière. Une zone anticyclonique nous accompagna ensuite jusqu’au 9 du mois, quand une situation d’ouest entrouvrit l’espoir d’avoir quelques pistes naturelles à préparer pour Noël.

Le soleil du lundi 2 décembre.

Du 9 au 14, quelques 70cm de neige s’accumulèrent sur la planchette sous un régime d’ouest, qui tourna franchement nord-ouest avec force et régularité les deux derniers jours de l’épisode. La plus belle rafale atteint les 130km/h le 14 au matin, plaçant haut le record saisonnier provisoire. Ce jour-là, la station est restée fermée, nous avons tenté de monter au Col miner l’amont de la piste noire et, curieusement, les bombes glissaient jusqu’en fond de pente. C’est le machiniste qui déclencha la coulée en ouvrant la route en amont plus tard en soirée. Nous étions impressionnés par la taille et la neige déplacée par cette avalanche, qui traversa largement la piste et remplit la digue de protection du Chiesso. 

Avalanche déclenchée par une machine le 14 en soirée.
Je mesurais une cassure de 2m, la neige était homogène, fortement tassée et très dure ce qui explique le glissement des bombes. Lors de la tentative de minage sous des vents à 130km/h, nous estimions notre position. Par mauvaise visibilité, on se retrouve facilement en aval de la zone de rupture, il vaut mieux laisser une belle marge de sécurité. Dans cette tempête, un sauvetage eut été extrêmement compliqué voire impossible sans mettre en danger d’autres patrouilleurs. Le 15, un minage par hélico permit l’ouverture des derniers secteurs et des Plats de la Lée.

La cassure perpendiculaire à la pente mesurait 200cm exactement.
Suivit une semaine de foehn régulier, sans excès, sans soleil ni neige. Les arêtes et bosses exposées au vent du sud étaient pelées, la neige entassée dans les combes au fond des pentes. En observant le domaine de haut, on pouvait se demander où elle était passée. Dès le 21, un chapelet de perturbations d’ouest nous envoya la neige commandée au Père Noël. Au 28, j’avais mesuré 110cm de fraîche judicieusement tombée, à point pour ouvrir les dernières pistes avant la grosse semaine de vacances. 
Les vents de décembre 2019 à la Corne de Sorebois 2900m.
Ce sont deux périodes de précipitations entraînées par des courants du nord-ouest qui sauvèrent notre début de saison. Leur traitement nécessita un peu plus de 500kg d’explosifs et deux grands minages en hélico les 15 et 25. Les Gazex des Gardes de Bordon on purgé les pentes le 23, je consacrerai mon prochain article à cette installation. Nous avons entamé l’anticyclone de Noël avec une couche de 80cm à 2500m et de 40cm en station, vous pouvez retrouver toutes les données du vallon sur la feuille de calcul Décembre 2019. Je note que deux freeriders se sont fait paqueter dans des avalanches qu’ils avaient déclenché, bien équipés, ils furent sauvés par leurs camarades. Dans les deux cas, ils ont défloré des secteurs juste avant le passage de l’équipe de minage qui ne peut pas être partout. Les stations ont cartonné pendant les fêtes. Au niveau Suisse, ce mois fut un des décembres les plus chaud depuis le début des mesures selon le le bulletin climatologique décembre 2019.
Décembre 2019, cliquez pour agrandir

Novembre 2019

Novembre 2019 s’est montré décevant, moins que l’an passé quand les températures et l’ensoleillement ne permirent même pas la production de neige artificielle, mais plus frustrant. Les nombreuses perturbations ont déversé leurs précipitations sur l’ouest et le sud des Alpes, le val d’Anniviers n’obtenant que vents et nuages. Heureusement, les températures permirent la fabrication de neige artificielle et les équipes purent s’entraîner à Sorebois le 12 novembre déjà. Principal coupable de nos déboires, le foehn déversait toute son humidité sur les flancs sud du massif, pour ne laisser que son souffle sec et puissant traverser nos contrées.
Vents à la Corne en novembre 2019. Cliquez pour agrandir.

Au 10, une trentaine de cm étaient tombés sur nos montagnes, mais les températures et le vent n’allaient laisser qu’un peu de neige dans les pentes nord. La tempête de foehn du 14 plaçait le premier record saisonnier à 112.7 km/h 143° SE, mais découvrit toutes les pentes et bosses exposées au Sud; rebelote du 22 au 24 quand le courant du SE ne transporta pas la moindre goutte d’humidité au delà de l’arête sud des Alpes, alors que le Tessin et les Grisons enregistraient des records d’enneigement pour la période. Dès le 25, les vents tournèrent à l’ouest, emmenant des perturbations qui allaient cette fois déverser leur précieuse neige en Savoie, dans le Bas-Valais et les préalpes. Nous avons quand-même reçu une trentaine de cm pour donner un air d’hiver à nos montagnes.

Quelques moyennes mesurées en novembre ces trois dernières années

Avec 15 jours de mauvais temps et des températures moyennes assez basses, le millésime 2019 nous a laissé frustrés de neige. Nous avons néanmoins pu produire la couche de fond artificielle qui promet des pistes parfaites jusqu’en fin de saison sur le centre du domaine. le bulletin climatologique novembre 2019 de MétéoSuisse montre des températures supérieures de 0.3° à la norme au niveau national, et un déficit de lumière de près de 40% au Sud des Alpes. Le SLF publiait un premier bulletin d’avalanches le 14, nous étions en degré 2 puis en 3 le 16 déjà. Nous avons passé huit jours en degré 3 sans que la moindre possibilité d’avalanche n’existe pour la région, du moins en-dessous de 3500m. Au-delà, nous n’avons constaté aucune coulée. La crédibilité du bulletin est malheureusement discutable pour toute la période.  
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Je commence ma 11ème saison de mesures dans le vallon. Avec les photos, la descriptions des événements et les stats du service de sécurité, j’obtiens une bonne vision de l’évolution de nos hivers. Si le graphique tiré de mes feuilles de calcul semble barbare, je pourrais d’un coup d’œil résumer le mois qu’il illustre. Pour plus de précision, suivez le lien vers la feuille de calcul novembre 2019.

La Noire du Col le 30 novembre

Pour l’anecdote, la seule avalanche constatée s’est produite le 30 novembre sur la Noire du Col. Une trentaine de cm de poudre avait recouvert les tas de neige à canons. La reprise de la production rajouta une neige massive et cohérente sur cette couche faible, le passage d’un skieur déclencha la plaque. Rien de dangereux, c’est le vent et une accumulation de glace qui plièrent la perche au fond de la coulée.

Bonne année 2020

C’est le drone qui est allé rencontrer le premier rayon du soleil de l’année pour mes vœux de Nouvel An. La photo est prise à 3350m d’altitude au-dessus de la Barthélémy à 8h35, Bonne année, bonne santé, et beaucoup de bonheur pendant ce nouveau tour du soleil.

Les mesures sur Twitter

Je publie du 1er novembre au 30 avril la situation météo du vallon de Zinal sur le compte Twitter Annitrek. J’avais choisi ce média pour sa simplicité, je retranscris ensuite les données sur une feuille de calcul. Ceux qui veulent en profitent et je peux facilement partager sur la barre latérale de ce blog. Explications :

La température à Zinal 1700m : Les données de la station automatique de Mottec sont libres d’accès et très complètes. Mais plus froide que les flancs car près de la rivière, je lui préfère ma station Netatmo à 1725m en rive droite en amont de la Tsoucdanna. Les abonnés Netatmo peuvent la consulter.

La température à Tracuit 2600m est fournie par la station neige consultable sur les pages du SLF, la température en surface est sur le même graphique. Elle est en réalité à 2589m mais je veux pas chipoter tous les matins. Elle donne surtout une mesure de la neige très similaire à Sorebois.

La température à Sorebois 2900m est prise à la station vent de la Corne. La température n’est pas accessible au public, vous pouvez consulter la petite soeur installée par les parapentistes dans le col. Les données sont cohérentes mais la station dort la nuit. L’Humidité Relative de l’air est aussi prise depuis l’accès professionnel à la station du SLF. Quand je note des vents W>10km/h, comprenez une tendance avec des rafales entre 10 et 15km/h. Entre 15 et 20 j’aurai noté >20… L’essentiel est que je me comprenne!

J’estime la nébulosité en % du ciel occupé par les nuages entre 8h et 8h30 à Sorebois. La station de Mottec donne l’ensoleillement, le rayonnement, l’accès professionnel à Tracuit aussi. Les webcams de la Vouarda et de Sorebois donnent une excellente vue des conditions en direct. Une des deux fonctionne presque toujours…

Je cultive une zone protégée à Sorebois 2500m entre l’arrivée du téléski de Remointze et celui de Tsarmettaz. Elle donne des mesures de neige très pertinentes pour le domaine skiable, les données suivent bien la station de Tracuit située à 2600m. Les stations automatiques mesurent mal le cumul, nous devons travailler avec des données très locales sans contrainte technologique. Nos chers collègues, et néanmoins voisins, disposent de la station neige d’Orzival. Située dans un creux vite rempli par les vents, elle donne la mesure commerciale du domaine skiable.

Le Danger d’Avalanches publié sur le compte Twitter Sorebois provient du bulletin d’avalanches du SLF. Le service de sécurité local peut élever ce danger, il ne le baissera jamais. Notez que j’avais réservé ce compte Twitter pour les remontées mécaniques tellement je trouvais le truc génial. Ils n’en ont pas voulu.

Ci-dessous une carte interactive des lieux des mesures. J’ai regroupé les graphiques et liens intéressants pour le vallon de Zinal sur une page de mon site http://www.annitrek.ch/meteo-et-neige Je suis pas sûr d’avoir le droit de faire ça sur une page publique ya un copyright. Mais c’est bien pratique… Je n’utilise pour mes mesures que des stations automatiques que je peux consulter en cas d’absence. Mes collègues surveillent alors la zone protégée de Sorebois. Ainsi, un accident de n’importe quelle sorte ne compromettrait pas un ensemble de mesures qui entre dans sa 11ème saison.

Hiver 2020 – Situation initiale

06.11.2019   On prévoyait une brève accalmie entre deux perturbations actives le 1er novembre au matin. L’air délavé était limpide. Comme je tenais à participer aux cérémonies de la Toussaint, sisi, j’ai envoyé le drone prendre l’habituelle photo de Sorebois au premier jour des mesures. De l’hiver 2020 déjà!

Sorebois le 1er novembre à 10h. Cliquez pour agrandir.
Il ne reste rien de la neige d’octobre en-dessous de 2900m, même les couloirs ombragés sont nettoyés par les pluies. Le terrain est détrempé en profondeur. La neige au-dessus date principalement de la perturbation du 15 octobre, journée pluvieuse en vallée, je mesurais alors 33mm en 24h. Au matin du 16 la station était juste blanchie, Tracuit annonçait 24cm confirmés par les employés de Sorebois. Les températures sont fortement remontées en fin de mois, on nota jusqu’à 8° le samedi 26 à 15h à la Corne. Difficile d’appréhender l’état de cette neige résiduelle, je l’imagine tassée par le chaud puis durcie par le retour du froid; au contact du sol, la métamorphose construit certainement de gros cristaux.
Depuis le 2 novembre, un chapelet de perturbations entraînées par des courants d’ouest nous gratifie de précipitations modérées, tout de même 29mm en 6 jours, et surtout d’une baisse significative du mercure en montagne. Trop tard pour geler le terrain, désormais protégé par la neige fraîche il restera mou et boueux tout l’hiver. Rappelons qu’il n’a gelé qu’une fois ces onze dernières années, l’hiver 2016-2017 quand la neige n’arriva que début janvier. Je mesurais ce matin 3cm à Zinal, 13cm à 2500m et une trentaine de cm dès 2700m. Ces perturbations ont laissé plus de précipitations sur le Chablais, le St-Bernard et les Préalpes, les zones de précipitations s’amenuisaient à mesure qu’elles s’enfonçaient dans le massif. 
Le froid permet la production de neige dès 2500m, les remontées espèrent ouvrir une partie du domaine artificiel au public le week-end du 16 novembre. Ils y croient assez fort pour engager du personnel hivernal, mes vacances s’achèvent. Je me réjouis de retrouver les lattes, l’été fut sportif et équilibré, je suis en pleine forme rien ne grince. Le bonheur commence par l’absence de douleur, c’est valable au travail. Nous allons vivre la dernière saison du téléphérique Zinal-Sorebois qui sera remplacé l’été prochain par un luxueux télécabine. Si je compte bien elle sera ma 27ème saison d’hiver complète, dont deux à l’école de ski. Je me réjouis du changement mais appréhende une saison émotionnellement riche, si les murs de Sorebois pouvaient parler…  

Le Sorbier du chamois, face à l’immensité à l’entrée du village.
Du côté des signes, j’ai noté un été pauvre en insectes; certains jours de bronzette je me demandais même ce qu’ils étaient devenus. Le seul nid de guêpes rencontré se cachait malicieusement dans un carton, gros sprint, une seule piqûre au bras. Le sorbier que je photographie tous les automnes est normalement chargé, la photo trompe il reste des feuilles. J’ai fait beaucoup de bois.
les situations initiales des onze derniers hivers  Hiver 2009   Hiver 2010   Hiver 2011   Hiver 2012   Hiver 2013    Hiver 2014   Hiver 2015   Hiver 2016    Hiver 2017   Hiver 2018   Hiver 2019

L’été du drone

30.10.2019    Quel gosse de la génération Top Gun et Supercopter n’a pas rêvé d’un jouet volant? On ne confiait pas aux enfants les avions et hélicos télécommandés, chers et délicats à piloter. Je touchais la quarantaine quand les batteries au lithium, les moteurs sans balais et la miniaturisation permirent la fabrication de drones efficaces à des prix raisonnables. La marque Dji propose depuis 2018 un modèle grand public capable de photographier en 20 mégapixels, de filmer en 4K et de tenir plus de 20 minutes en vol, le Mavic Pro 2. J’ai craqué.

Le 24 juillet à 7h30, au-dessus de la mer de brouillard

Le drone est avant tout une caméra volante, les images sont belles et autant stables que sur trépied. On peut l’envoyer par curiosité pour simplement voir ce qui se passe, comme ce matin bouché de juillet quand je me demandais où se situait le plafond nuageux. Je suis en phase d’apprentissage, l’album public été 2019 est déjà constellé de photos aériennes, je vais essayer de faire quelques montages avec les images maladroitement filmées cet été. Je pense mieux exploiter l’énorme potentiel de cet outil l’hiver prochain. Ci-dessous un premier essai, le rendu a saccadé certains clips, j’étais un rien mystique au montage, certainement la beauté des images. Merci Mylène!

Nous avons vécu un été météorologiques facile malgré un printemps persistant. Mai s’est montré pluvieux avec quinze jours de précipitations et un mercure assez frais. Le peu de neige restant en vallée fondit rapidement mais les alpages mirent du temps à verdir, un redoux permit d’alper normalement à Nava le 15 juin. La suite fut estivale avec deux épisodes caniculaires fin juin et début juillet qui mirent les médias en émoi et achevèrent la fonte des neiges de l’hiver en haute montagne. Des précipitations régulières mais modérées évitèrent les interdictions de feu et maintinrent une nature luxuriante, hélas trop tard pour permettre une fenaison abondante. J’ai par contre observé des bourgeons terminaux de 70cm sur de jeunes mélèzes, de 30cm sur les aroles et les épicéas. Les forêts que je fréquente ont profité du climat, les champignons étaient normalement abondants. La deuxième moitié du semestre fut régulièrement arrosée, l’écosystème du vallon de Zinal semble avoir vécu un été profitable pour toutes les espèces. Au final et d’après le bulletin climatologique été 2019 de MétéoSuisse, nous avons vécu le troisième été le plus chaud depuis le début des mesures. Les vendanges furent normales, les vignes familiales touchées par la grêle en août produisirent la quantité et la qualité demandée sans plus, la récolte nécessita un long tri des grappes touchées par un orage très localisé. Le camp des Moyes, Sierre-Zinal et le Grand-Raid ont profité d’une météo clémente. Pas d’orage terrible ni de catastrophe à signaler, espérons que 2018 reste exceptionnelle.

En automne sur le sentier raquettes des Clautis

Les rongeurs profitent du nouveau climat, les écureuils prolifèrent, j’ai piégé une quantité étonnante de souris et autres musaraignes. Les rapaces suivent la tendance, les grand corbeaux aussi semble-t-il. Je n’ai rien observé de remarquable chez la grande faune, si ce n’est une période de rut du cerf particulièrement bruyante et facile à observer dans les Gardes de Bordon. La contradiction habituelle entre la nécessité de protéger en imposant des réserves et autres zones interdites, et l’échec des chasseurs à réguler le gibier, devient exaspérante. En .pdf le bilan de la chasse haute par les services cantonaux. Je suis bientôt le dernier à ne pas l’avoir aperçu, le loup occasionna de gros dégâts, il semble que les éleveurs de moutons aient décidé d’abandonner notre vallon. Là aussi, le paradoxe entre le dépit paysan et le soutien citadin aux chiens sauvages laisse perplexe. Chaque apparition de la bête provoque l’hystérie, on se réjouit de la voir former des meutes, la “gestion du loup” coûte,  pollue, et son apport dans la régulation est discutable. Qu’importe l’élevage local, nos ministres sont fiers d’avoir signé un accord commercial avec l’Amérique du sud qui produit abondance de viande à un coût écologique dont on se fout, c’est loin l’Amérique. Nous enverrons les chomeurs débroussailler les alpages pour prévenir les avalanches…

Le 31 août début du rut, quand on se fout des drones… Cliquez pour agrandir.

Je conclus ce résumé de l’été par un aveu, j’ai taquiné mes voisins avec mon nouveau drone. Les mâles de toutes espèces sont moins craintifs, chevreuils et boucs semblent plus curieux qu’apeurés par le volatil mécanique jusqu’à une dizaine de mètres. Le cerf est inapprochable en dehors de la période du rut, j’ai alors survolé un groupe sans provoquer de réaction mais n’ai pas insisté. Les chevrettes fuient au bruit, l’approche des chèvres de chamois alerte rapidement la surveillante qui donne l’alerte à une trentaine de mètres. Les marmottes se cachent à longue distance, je n’ai pas taquiné les bouquetins. On sait que le gypaète et l’aigle tolèrent mal les intrus dans leur espace aérien, chaque décollage provoque l’hystérie des casse-noix, le corbeau s’approche, observe puis repart. J’ai également essayé de poser le drone sur des places préparées, ce qui permet une heure d’observation avant le vol de retour. Mais c’est pas bien de déranger la faune avec un drone, je le ferai plus, promis!

Webcam Zinal vieux village
Anniviers depuis Crans-Montana

Lune et soleil en direct

Le soleil en direct
Carte des stations météo du vallon de Zinal

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Manu Zufferey

Manu Zufferey

Conteur, patrouilleur, sauveteur, randonneur, blogueur, écologiste de la première heure.

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